

Mardi 27 décembre 2022, la présidente de Taïwan a annoncé l’allongement du service militaire obligatoire de quatre mois à un an. Une annonce plutôt bien accueillie par les jeunes Taïwanais qui s'inquiètent des menaces chinoises. L’exemple ukrainien semble occuper tous les esprits…
- Hugo Tierny Doctorant à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes et à l’Institut Catholique de Paris
- Valérie Niquet Politologue, responsable du pôle Asie à la Fondation pour la recherche stratégique
- Juliette Morillot Journaliste, spécialiste de la péninsule coréenne.
Vivre et mourir pour leur patrie. Il semble que la guerre en Ukraine a réveillé le sentiment patriotique des Taïwanais. Les images de Kharkiv, Kherson, Bakhmut qui défilent sans arrêt sur les chaînes de Taïwan mettent des bruits, des visages et des larmes sur le mot "guerre". Alors que l’armée chinoise fait tout pour qu’on sache qu’elle s’est équipée et modernisée à la vitesse de l’éclair, alors que les avions de l’Armée populaire de libération franchissent chaque jour ce que Taïwan a défini comme sa zone de défense aérienne, Taipei bat le rappel des troupes. Le 27 décembre, la présidente Tsai Ing-Wen annonçait une réforme de l’armée, avec en particulier l’allongement du service militaire obligatoire. De quatre mois actuellement, il passera à un an à partir de 2024.
Comment se déroule le service militaire à Taïwan ? Comment et à quoi les jeunes sont-ils formés ? Et comment les citoyens se préparent à éventuellement prêter main-forte à l’arrière ?
Pour répondre à ces questions, Julie Gacon reçoit Hugo Tierny, doctorant à l’Ecole pratique des Hautes Etudes et à l’Institut Catholique de Paris ainsi que Valérie Niquet, maîtresse de recherche pour la fondation pour la recherche stratégique (FRS).
"Le contenu du service militaire, et qui explique qu'il sera réformé en 2024, est extrêmement critiqué à Taïwan. En 4 mois, il n'y a pas le temps de monter en intensité : il s'agit principalement de présentations power point, de tâches de nettoyages, de corvées. Cela n'attire pas les jeunes, qui, lors des témoignages, affirment ne rien y apprendre", observe Hugo Tierny.
"Taïwan souhaite travailler à pouvoir mobiliser la totalité de ses capacités civiles dans un potentiel contexte de guerre avec Pékin. Par exemple, il se veut en pointe sur les questions de "cyber" pour lutter contre une potentielle désinformation et manipulation mise en place par son agresseur", explique Valérie Niquet.
Pour aller plus loin :
- Valérie Niquet est l'autrice de Taïwan face à la Chine : demain la guerre ? paru aux éditions Tallandier en 2022.
Seconde partie : le focus du jour
Service militaire en Corée du Sud : la fracture générationnelle

Jin est l’un des chanteurs les plus populaires de K-Pop de sa génération. Membre du groupe sud-coréen BTS qui connaît un succès mondial, l’arrêt de ses activités artistiques pour cause de service militaire est un sujet qui divise les coréens depuis plusieurs années. Mais le verdict est tombé : alors qu’il vient de fêter ses 30 ans, Jin rejoindra ses conscrits en caserne pour effectuer son service militaire, qui est obligatoire en Corée et dont la durée varie entre 18 et 21 mois.
Si la participation des stars de la chanson à la défense nationale fait la Une des médias, c’est en réalité toute l’institution qui fait débat en Corée du Sud. Car malgré la menace du voisin nord-coréen - avec lequel le pays est toujours théoriquement en guerre - la jeunesse s’interroge sur la pertinence de sa participation, une armée jugée violente et rétrograde.
Avec Juliette Morillot, journaliste. Elle est l'autrice de La Corée du sud en 100 questions, la tyrannie de l’excellence paru aux éditions Tallandier en 2022.
"En Corée du Sud si les jeunes comprennent que des chanteurs de BTS ne fassent pas leur service militaire, les plus anciens ne peuvent pas l'admettre. C'est pour eux une honte, une tâche sur le CV, de ne pas faire son service militaire", note Juliette Morillot.
Une émission préparée par Mélanie Chalandon.
Références sonores et musicales
- Taïwan rallonge son service militaire obligatoire face aux menaces de la Chine ( Les Echos - 28/12/22)
- Face à la menace chinoise, Taïwan retient son souffle ( France 24 - 25/11/22)
- Taïwan : l'écho ukrainien ( Arte - 31/05/22)
- Fin de BTS : le chanteur Jin quitte le groupe pour faire son service militaire ( Le Parisien - 13/12/22)
- "New Seeds" de Boards of Canada
- " Somewhere, Taipei" de Cheer Chen (2018)
- "Dynamite" de BTS
L'équipe
- Production
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- Collaboration
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- Réalisation
- Julie DucosStagiaire