Thomas Pesquet : une ambition française pour l’Europe : épisode 2/4 du podcast Aventuriers de l’Espace

Thomas Pesquet sur un écran pour prononcer un discours à côté d'Emmanuel Macron et Brigitte Macron au CNES pour assister à l'arrivée de Persévérance de la NASA sur Mars, à Paris, le 18 février 2021.
Thomas Pesquet sur un écran pour prononcer un discours à côté d'Emmanuel Macron et Brigitte Macron au CNES pour assister à l'arrivée de Persévérance de la NASA sur Mars, à Paris, le 18 février 2021. ©AFP - CHRISTOPHE PETIT TESSON / POOL
Thomas Pesquet sur un écran pour prononcer un discours à côté d'Emmanuel Macron et Brigitte Macron au CNES pour assister à l'arrivée de Persévérance de la NASA sur Mars, à Paris, le 18 février 2021. ©AFP - CHRISTOPHE PETIT TESSON / POOL
Thomas Pesquet sur un écran pour prononcer un discours à côté d'Emmanuel Macron et Brigitte Macron au CNES pour assister à l'arrivée de Persévérance de la NASA sur Mars, à Paris, le 18 février 2021. ©AFP - CHRISTOPHE PETIT TESSON / POOL
Publicité

Thomas Pesquet s'apprête à décoller pour son deuxième séjour à bord de la station spatiale internationale. L'astronaute français emporte avec lui les espoirs de l'Europe de demeurer une grande puissance spatiale dans la compétition mondiale. Mais l'Europe a-t-elle les moyens de ses ambitions ?

Avec
  • Didier Schmitt chargé de l'exploration humaine et robotique à l'Agence spatiale européenne (ESA)
  • Rachel Villain conseillère du cabinet Euroconsult, spécialiste des études économiques appliquées au secteur spatial
  • David Burigana professeur associé en histoire des relations internationales à l’Université de Padoue, membre du Centre de l'Université de Padoue sur l'Espace CISAS (Centro di Ateneo di Studi e Attività Spaziali "Giuseppe Colombo" - CISAS) et chargée du programme de trav

C’est une voix, un visage et surtout un nom devenus familiers au public français. Rendu célèbre par sa première mission à bord de la Station spatiale internationale il y a quatre ans, Thomas Pesquet est certainement aujourd’hui le plus populaire des astronautes français. Ses photos et ses messages postés sur les réseaux, son enthousiasme communicatif pour l’aventure spatiale et peut-être aussi son profil de gendre idéal auront réussi à créer en quelques années un véritable engouement pour les missions et le travail de l’ESA, l’Agence spatiale européenne. 

Si Thomas Pesquet fait figure de héros en France, il est un astronaute européen avant tout. C’est bien pour le compte de l’ESA qu’il repartira le 22 avril prochain pour une nouvelle mission de six mois à bord de la Station spatiale internationale.  

Publicité

L’astronaute emportera avec lui les espoirs de la France et de l’Europe d’un retour vers la Lune et d’une conquête de Mars. Dans la course que se livrent actuellement les grandes puissances pour la poursuite de l’exploration spatiale, l’Europe entend bien faire valoir ses compétences en matière de maîtrise des vols habités. Pourtant, face au géant américain, les Européens paraissent en retard. D’ailleurs c’est à bord d’une fusée Falcon 9 de l’entreprise américaine privée SpaceX que décollera Thomas Pesquet dans quelques jours. 

Alors l’Europe a-t-elle vraiment les moyens de ses ambitions spatiales ? Les rêves scientifiques sauront-ils résister à la guerre des étoiles entre la Chine et les Etats-Unis ? La popularité de Thomas Pesquet suffira-t-elle à enclencher une volonté politique à la hauteur ?  

L’Europe ne souhaite pas choisir son camp entre les Etats-Unis et la Chine, cette neutralité est aussi une force. Il y a une possibilité pour l’Europe d’être un acteur du dialogue pour des puissances spatiales qui cherchent un soutien et également la possibilité de prendre part à la réflexion sur la durabilité spatiale. Car la question du trafic dans l’espace se pose. En 2020 nous avons passé le seuil de 1000 satellites mis en orbite alors que nous étions sur des moyennes de cent satellites par an auparavant. Rachel Villain

On ne peut pas comparer la NASA et l’ESA. La NASA fait de l’exploration spatiale et un peu d’aéronautique. L’ESA, de son côté, fait tous les programmes. On fait les lanceurs, de l’observation de la terre, de la navigation, des sciences spatiales, de l’exploration, on va vers des astéroïdes. Maintenant, si on compare la NASA à l’ESA pour l’exploration spatiale, la NASA c’est plus de dix milliards de dollars par an rien que pour les programmes d’observations robotiques et humaines. L’ESA au grand maximum est à 700 millions par an. Didier Schmitt

Seconde partie - le focus du jour

Italie : le savoir-faire des lanceurs légers

Vendredi 19 mars, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire rencontre à Rome son homologue Giancarlo Giorgetti dans le cadre du plan de relance européen. Les deux puissances européennes appellent ainsi à un rapprochement pour concurrencer SpaceX.  Les programmes Ariane et Vega cherchent à améliorer leurs compétences, à savoir l’envoi de satellites à grande distance - orbite gestionnaire - et petite distance - orbite terrestre.

Quels sont les enjeux de cette nouvelle coopération ? D’où l’Italie tire-t-elle ses compétences en matière d’industrie spatiale ? Quels sont les intérêts respectifs de la France et de l'Italie ?

Entretien avec David Burigana, professeur associé en histoire des relations internationales à l’Université de Padoue, membre du Centre de l'Université de Padoue sur l'Espace CISAS (Centro di Ateneo di Studi e Attività Spaziali "Giuseppe Colombo") et chargé du programme de travail InsSciDE (Inventing a shared Science Diplomacy for Europe, projet de recherche financé par l'Union européenne).

La compétition doit être gérée au niveau de la politique européenne et tout d’abord franco-italienne. La compétition ne se situe pas entre les deux fusées. De plus, la coopération entre la France et l’Italie était déjà visible en 2007 avec la création de Thalès Alenia Space, qui est maintenant une grande entreprise dans l’exploration robotique et humaine de l’espace. David Burigana

Une émission préparée par Marguerite Catton et Albane Barrau. 

Entendez-vous l'éco ?
58 min

Références sonores

  • Thomas Pesquet avant la mission Alpha prévue le 20 avril 2021 (France 24, 16 février 2021)
  • Thomas Pesquet, premier astronaute Français commandant de bord sur l’ISS (BFM TV, 16 mars 2021)
  • Deux candidats belges potentiels au recrutement de l’ESA, Alice Michel, ingénieure en électronique et Arnaud Mahieu, astrophysicien (RTBF, 16 février 2021)
  • Joseph Aschbascher, le nouveau directeur général de l’Agence Spatiale Européenne lors d’une conférence présentant les ambitions de l’ESA à l’horizon 2025 (Site de l’ESA, 07 avril 2021)
  • Bruno Le Maire, ministre de l’économie, de la finance et de la relance lors de la conférence avec son homologue italien Giancarlo Gioretti le 19 mars dernier (Site du ministère du développement économique italien, 19 mars 2021)

Références musicales 

  • « Frontier » d’Arnaud Rebotini & Christain Zanessi (Blackstrobe Records)
  • « Sky and sand » par Paul & Fritz Kalkebrenner (Naîve Records), un titre présent sur la playlist Deezer de Thomas Pesquet

L'équipe