Hier, sur la place Tiananmen, le président chinois Xi Jinping a célébré les 100 ans du mouvement étudiant anti-impérialiste du 4 mai 1919. 70 ans plus tard, les chars de l’armée massacraient de nouveaux contestataires. Les étudiants chinois sont-ils encore à la pointe de la contestation politique ?
- Michel Bonnin Historien, directeur d’études à l’EHESS, spécialiste de la Chine contemporaine
- Chloé Froissart Professeure d’histoire et de sciences politiques au département d’études chinoises de l’Inalco
- Vladimir Stolojan Post-doctorant à la fondation Tchang Tching Kuo pour les échanges académiques internationaux, chercheur associé au Cessma (Paris-VII).
C’était il y a 30 ans dans la nuit du 3 au 4 juin 1989. Avec une violence inattendue, les chars du régime chinois mettaient fin à l’occupation de la place Tian’anmen investie depuis le mois d’avril par des étudiants qui réclamaient plus d’ouverture et de démocratie.
Les images, terribles, des chars fonçant sur la foule avaient fait le tour du monde et sont encore dans tous les esprits. Mais en Chine, c’est le silence total. Aucune commémoration n’est prévue bien entendue et toute évocation du 4.6 – du 4 juin – est soigneusement bannie de l’espace public.
Commémoration du 4 mai 1919
C’est d’ailleurs le souvenir d’un autre mouvement étudiant qui occupe le régime ces derniers jours. Il y a tout juste cent ans, le 4 mai 1919, 3 000 étudiants d’une autre génération envahissaient cette même place Tian’anmen pour protester contre les humiliations subies par la Chine au lendemain de la première guerre mondiale.
Le Président Xi Jinping qui vient de rendre hommage à ces jeunes patriotes du début du XXe siècle n’a pas fait mention des aspirations à la modernité et la démocratie qui faisaient partie de leurs revendications.
Cent ans après le 4 mai 1919, trente ans après le printemps de Pékin, les étudiants chinois sont-ils encore à la pointe de la contestation politique ? Malgré le virage autoritaire opéré par Xi Jinping, les universités sont-elles encore des lieux de contestation et peut-être même de contre-pouvoir face au Parti unique ? Enfin quelle place pour ces mouvements étudiants dans la mémoire collective en Chine ?
Une émission préparée par Marguerite Catton et Mélanie Chalandon.
Extraits sonores :
- Un jeune étudiant venu du Sud de la Chine explique jusqu'à quand les contestataires prévoient de rester sur la place Tian’anmen (FR3, 30 mai 1989).
- Témoignage d’un étudiant chinois sur la place Tian’anmen en mai 1989 (Antenne 2, reportage de Valérie Fourniou, archive INA, 21 mai 1989).
-Annonce de l’intervention de l’armée populaire chinoise à Tian’anmen en juin 1989 + extrait du discours de Li Peng au congrès du Parti se félicitant de cette manœuvre.
- Face aux images d’archive de Tian’anmen, une jeune femme de Shanghai reste dans l’incompréhension de ce qu'il s’est passé (France 24, 4 juin 2009).
- Des figures du "Mouvement des parapluies" à Hong Kong ont été reconnues coupables début avril de "conspiration en vue de commettre un trouble à l'ordre public" pour leur participation aux manifestations réclamant des réformes (France 24, 9 avril 2019).
-Ambiance de manifestations lors du mouvement des Lys sauvages à Taiwan en mars 1990.
Extraits musicaux :
-Tian'anmen square de Benjamin Zephaniah (label : Mango).
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