Une démocratie fatiguée : épisode 1/4 du podcast Israël, portrait en clair-obscur

Benyamin Netanyahou, et son épouse, s'adressent aux partisans du parti Likoud au siège de Jérusalem à la clôture des votes, pour la quatrième élection nationale en deux ans, le 24 mars 2021.
Benyamin Netanyahou, et son épouse, s'adressent aux partisans du parti Likoud au siège de Jérusalem à la clôture des votes, pour la quatrième élection nationale en deux ans, le 24 mars 2021. ©AFP - MENAHEM KAHANA
Benyamin Netanyahou, et son épouse, s'adressent aux partisans du parti Likoud au siège de Jérusalem à la clôture des votes, pour la quatrième élection nationale en deux ans, le 24 mars 2021. ©AFP - MENAHEM KAHANA
Benyamin Netanyahou, et son épouse, s'adressent aux partisans du parti Likoud au siège de Jérusalem à la clôture des votes, pour la quatrième élection nationale en deux ans, le 24 mars 2021. ©AFP - MENAHEM KAHANA
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Former un gouvernement de coalition s'avère être une mission de plus en plus fastidieuse pour Netanyahou. Mais au-delà des stratégies politiciennes, les élections à répétition et la facilité à changer les règles du jeu politique sont-elles les signes d'une fatigue du système politique israélien ?

Avec
  • Frédérique Schillo historienne, spécialiste d’Israël et des Relations internationales
  • Thomas Vescovi Chercheur indépendant en histoire contemporaine. Auteur de “L'échec d'une utopie. Une histoire des gauches en Israël”, ed. La Découverte.
  • Samy Cohen Directeur de recherche émérite au CERI Centre d'Etudes et de Recherches Internationales de Sciences Po

Le  23 mars dernier, les quatrièmes élections législatives en deux ans ont vu la victoire de l’indétrônable Benyamin Netanyahou, son parti a obtenu 30 des 120 sièges en jeu. Mais, même si le Likoud garde la première place, la formation d’un gouvernement de coalition est de plus en plus difficile. Le Premier ministre se dirige irrémédiablement vers une droite de moins en moins encline à accepter les compromis comme l'attestent les violences au cœur de la Ville Sainte entre Juifs d’extrême droite, Arabes et force de l’ordre ces derniers jours. En effet, si le miracle vaccinal a clairement été bénéfique au Premier ministre sortant, il n’en demeure pas moins que ce dernier peine toujours à se forger une majorité. La semaine dernière, Naftali Bennett, leader du parti nationaliste Yamina, a annoncé qu’il préférait s’allier à la coalition anti-Netanyahou de Yaïr Lapid, figure du centre. 

Comme un dernier recours, Benyamin Netanyahou, a appelé le 20 avril dernier, à l'organisation d'un référendum pour élire le prochain chef de gouvernement, alors qu’il est actuellement jugé pour corruption dans trois affaires. Ce serait alors une nouvelle charge à l’encontre des institutions après la suspension du Parlement. 

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Benyamin Netanyahou parviendra-t-il à se maintenir ? Quel en sera le prix pour la démocratie israélienne ? Quel bilan peut-on tirer de ces quinze années à la tête du gouvernement ? Dans quelle mesure a-t-il affaibli les institutions du pays, que ce soit dans le domaine de la  justice ou des médias ? La démocratie israélienne – considérée comme « la seule véritable démocratie » de la région – est-elle menacée ? 

La position dominante de Benyamin Netanyahou est due à deux éléments. Ses capacités personnelles d’habile tacticien et de l’autre côté la médiocrité des personnalités politiques de gauche et de centre gauche. Mais cette position n’est plus si dominante. Il est aujourd’hui dans l’impossibilité de former un gouvernement, c’est une grande faiblesse. Beaucoup de partis politiques ne veulent plus s’allier à lui car ils n’ont plus confiance, à commencer par Benny Gantz. Ils refusent d'être assimilés à quelqu’un qui est inculpé de trois chefs d’accusation. C’est pourquoi Netanyahou réunit uniquement sa base, à savoir, le Likoud et ses alliés ultra-orthodoxes. Samy Cohen

Netanyahou veut contrôler son image et n’accepte aucun contre-pouvoir. On le voit dans la campagne qu’il a mené contre les juges, contre la police, contre les médias. Il a une pratique monopolistique du pouvoir et va casser tous les contre-pouvoirs jusqu’à celui de la Cour suprême. Frédérique Schillo

Le Temps du débat
38 min

Seconde partie - le focus du jour

Merav Michaeli, dernier soubresaut de la gauche israélienne ?  

Le soir des élections le 23 mars dernier, on faisait la fête au QG d'Havoda, le Parti Travailliste israélien. En effet, les sondages du mois de décembre annonçaient sa fin, après qu’il a rejoint le gouvernement de Netanyahou au printemps dernier. Contre toute attente, il a tout de même réussi à gagner sept sièges à la Knesset en son nom propre, sans alliance  avec les autres partis de gauche. 

Depuis 25 ans, le Parti Travailliste était à l'écart, après avoir dominé la vie politique israélienne pendant une longue période. Aujourd’hui, il semble y avoir un souffle nouveau grâce à Merav Michaeli, une ancienne journaliste de 54 ans, qui a pris la tête du Parti seulement deux mois avant le scrutin.

Qui est Mirav Michaeli et comment est-elle parvenue à incarner l’espoir des Travaillistes de peser un peu plus à la Knesset pour ce scrutin ? 

Mirav Michael s’est fait connaître par son engagement féministe et également en mars 2020, en refusant de suivre la recommandation centrale du parti Travailliste visant à rejoindre le gouvernement en place au parlement. Elle décide de faire scission et participe aux manifestations contre Netanyahou. Thomas Vescovi

Merav Michaeli, leader du Parti Travailliste israélien, lors d'une interview pour la chaîne d'information israélienne 12 à Jérusalem, le 7 mars 2021, avant les élections générales du 23 mars.
Merav Michaeli, leader du Parti Travailliste israélien, lors d'une interview pour la chaîne d'information israélienne 12 à Jérusalem, le 7 mars 2021, avant les élections générales du 23 mars.
© AFP - GIL COHEN-MAGEN

Une émission préparée par Bertille Bourdon. 

Les Enjeux internationaux
11 min

Références sonores 

  • Benyamin Netanyahu soutient le projet de loi permettant d’élire au suffrage universel direct le prochain Premier ministre israélien (I24, 19 avril 2021)
  • Dans  une allocution télévisée, Yaïr Lapid considère qu’il est primordial de « rétablir la confiance entre les citoyens et ses dirigeants ». (I24, 18  avril 2021) 
  • Le  président du parti de droite Yamina Naftali Bennett critique la position de Benyamin Netanyahu qui, selon lui, dénigre son parti et épuise les électeurs avec ce cinquième scrutin. (I24, 21 avril 2021) 
  • Suite à la reprise de son procès, Benyamin Netanyahu a fait une intervention télévisée au début du mois d’avril pour critiquer vigoureusement le parquet en considérant que ce dernier se livre à une véritable chasse à l’homme. (I24, 05 avril 2021)
  • Extrait d’un discours de campagne de la candidate du Parti travailliste Merav Michaeli en mars dernier (Arte reportage, 22 mars 2021)

Références musicales

  • « Eisbanden » de Pantha du Prince (Label : Kompakt)

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