Vers un nouveau printemps nucléaire : épisode 1/4 du podcast COP26 : quatre initiatives controversées pour le climat

Le carrousel d'un ciné-parc installé sur le site de l’ancienne centrale nucléaire de Kalkar en Allemagne, le 11 décembre 2020.
Le carrousel d'un ciné-parc installé sur le site de l’ancienne centrale nucléaire de Kalkar en Allemagne, le 11 décembre 2020. ©AFP - Ina FASSBENDER
Le carrousel d'un ciné-parc installé sur le site de l’ancienne centrale nucléaire de Kalkar en Allemagne, le 11 décembre 2020. ©AFP - Ina FASSBENDER
Le carrousel d'un ciné-parc installé sur le site de l’ancienne centrale nucléaire de Kalkar en Allemagne, le 11 décembre 2020. ©AFP - Ina FASSBENDER
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Alors que la France, les Etats-Unis, la Chine et la Russie engagent un tournant vers l'énergie nucléaire sous des formes revisitées, l’Allemagne considère que la gestion des déchets nucléaires exclut cette solution des énergies propres.

Avec
  • Patrick Criqui économiste, directeur de recherche au CNRS au laboratoire d’économie appliquée de l’Université de Grenoble.
  • Marc-Antoine Eyl-Mazzega Directeur du Centre Energie et Climat de l’Ifri, spécialiste des échanges gaziers entre la Russie, l’Ukraine et l’Union européenne
  • Tatiana Kasperski Chercheuse associée à l’université Pompeu Fabra de Barcelone

En présentant son plan France 2030, Emmanuel Macron marque son ambition de s’appuyer plus encore sur l’énergie nucléaire pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Pour ce faire, il compte sur une nouvelle génération de réacteurs nucléaires, les SMR, « Small Modular Reactors » en français « Petits Réacteurs Modulaires » (PRM). 

Bien plus modestes que les immenses chantiers dans lesquels EDF s’enlise, comme à Flamanville avec l’EPR, ces PRM présenteraient moins de risques d’accidents, et une moindre quantité de déchets à gérer. Un parti pris important, alors que l’Union européenne est en train de débattre sur la taxonomie verte, qui doit définir ce qu’est une activité économique durable afin de déterminer celles qui seront financées par l’UE.

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La France a-t-elle raison de miser sur l’atome ? Parviendra-t-elle à convaincre ses partenaires européens dans la course à la neutralité carbone ? Quels sont les autres pays qui ont choisi l’option nucléaire ? Où en est la compétition technologique internationale dans le domaine? Et jusqu’où la petite taille des PMR permet-elle de contenir le risque inhérent à l’énergie nucléaire ?

Le principal changement [avec les SMR] est l'idée qu’on va construire en série, créer des usines qui vont pouvoir les fabriquer par tranches et qu’il n’y aura plus qu’à les assembler. Et surtout, une fois qu’on aura produit, on pourra les démonter en série de façon standardisée. Marc-Antoine Eyl-Mazzega

En matière de politique énergétique, très peu s’est fait ces dernières années car les deux pays moteurs en Europe, à savoir la France et l’Allemagne, ne sont pas du tout d’accord sur les sujets du nucléaire. Il y a une coupure en Europe entre la France et l’ensemble des pays d’Europe centrale (…) qui ont beaucoup de charbon, un potentiel limité en énergie renouvelable et le gaz comme seule solution. Patrick Criqui

Florian Delorme reçoit Patrick Criqui, économiste, directeur de recherche au CNRS et au laboratoire d’économie appliquée de l’Université de Grenoble et Marc-Antoine Eyl-Mazzega, directeur du Centre Energie et Climat de l’Ifri et spécialiste des échanges gaziers entre la Russie, l’Ukraine et l’Union européenne.

Seconde partie : le focus du jour

Les déchets nucléaires, une préoccupation russe ? 

Le brise-glace russe nucléaire « 50 ans de Victoire » au Pôle Nord le 18 août 2021.
Le brise-glace russe nucléaire « 50 ans de Victoire » au Pôle Nord le 18 août 2021.
© AFP - Ekaterina ANISIMOVA

GreenPeace Russie alerte depuis quelques années sur les conséquences du réchauffement climatique et de la fonte des glaces dans la mer de Kara, en Arctique, où ont été entreposés depuis les années 60 quantité de déchets nucléaires, militaires et civils. En plus de la mise en lumière permise par le réchauffement climatique, il semble que le gouvernement russe s’empare du sujet et tente de mobiliser ses voisins pour traiter ces déchets. Pour preuve, Poutine veut que la question soit discutée lors du prochain Conseil de l’Arctique, en 2022. 

L’ampleur de ce problème a été découverte au début des années 1990. Il y avait alors beaucoup de résistance de la part des militaires et des services secrets russes qui ne voulaient pas sa divulgation. Mais au début des années 2000, il y a eu un changement de rhétorique et de politique (…) lié à l’arrivée de Vladimir Poutine et à la remilitarisation de la Russie. Tatiana Kasperski

Avec Tatiana Kasperski, chercheuse associée à l’université Pompeu Fabra de Barcelone. 

Références sonores

  • Extrait du discours d’Emmanuel Macron lors de la présentation du plan France 2030 le 12 octobre 2021 (Public Sénat, 12 octobre 2021) 
  • Bill Gates, dans une interview à CNBC TV, sur ce qu’il pense du nucléaire en tant qu’énergie de l’avenir (CNBC TV, 18 février 2021) 
  • Bruno Le Maire sur l’importance d’intégrer le nucléaire à la taxonomie (Twitter, 15 avril 2021) 
  • Alexander Nikitin, ancien officier de sous-marin russe, inspecteur de la sécurité nucléaire et militant écologiste, a dénoncé les dangers des sous-marins nucléaires laissés à l'abandon dans le rapport "La flotte russe du Nord. Les sources de la pollution radioactive" pour lequel il fut emprisonné en 1996 (Arte, 2013) 

Références musicales 

  • « Parade » de Rone (Label : In Fine)  
  • « Radioactivity » de Kraftwerk (Label Capitol) 

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