Dans l’espace des FabLabs : l’âge du faire : épisode 2/4 du podcast La fabrique du futur

Noisebridge, fablab à San Francisco
Noisebridge, fablab à San Francisco - Mitch Altman
Noisebridge, fablab à San Francisco - Mitch Altman
Noisebridge, fablab à San Francisco - Mitch Altman
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Partout dans le monde de développent de plus en plus de Fab Labs, des ateliers ouverts à tous collaboratifs, ainsi que des laboratoires fonctionnant sur le même modèle. Assiste-t-on à un "âge du faire" où le "do it yourself" serait une réponse à des frustrations créées par le monde du travail ?

Avec
  • Jean-Michel Molenaar professeur à l’Université Tufts de Boston, directeur de l’entreprise FabConnections au Royaume-Uni
  • David Li fondateur du premier Fablab en Chine (Xinchejian), aujourd’hui fondateur de deux nouveaux « makers spaces », dont le Shenzen Open Innovation Lab
  • Isabelle Berrebi-Hoffmann Sociologue, directrice de recherche au laboratoire Lise (Laboratoire interdisciplinaire pour la sociologie économique) du CNRS
  • Michel Lallement Sociologue, professeur titulaire de la chaire d'Analyse sociologique du travail, de l'emploi et des organisations au Cnam.

On évoquait hier la course aux « clusters » industriels innovants que tentent de se livrer les Etats. Ils parient des synergies nouvelles, entre le numérique et l'industrie de pointe. Aujourd’hui on s’intéressera à l’autre aspect de ces industries nouvelles et collaboratives : On ira dans l’atelier.

Un aspect symbolisé ces dernières années par l’apparition des FabLabs, ou autres hackerspaces. L'expansion de ces petites usines coopératives est désormais rapide. On discutera des dénominations et des différences de cet ensemble de lieux de fabrication assez hétérogènes. Témoignage de leur variété, les annonces de création de fablabs ces derniers jours dans le monde : un fablab associatif à Tahiti, un en partenariat avec le collège d'une petite ville de de Virginie, à laquelle on peut s'abonner à 30 $ par mois, un autre parrainé par l'industriel Chevron Richmond juste en face de San Francisco, un autre sans parrain industriel à l'Université de Vénétie, ou encore 7 fablabs créés par le gouvernement Philippin...

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Bref, qu'on les appelle fablabs ou hackerspace, voire makerspace ou encore techshops, tous ont un point commun : l’utilisation par le « grand public » de petites machines-outils à commandes numériques, longtemps réservées à l’industrie. On y fabrique un peu de tout : des chaises, des jouets, des chemises, des robots et des salades. Un peu de tout mais avec enthousiasme et en autonomie : une sorte d’appel à l’innovation par le détournement.

Tous approchent une certaine idée du travail, et réactualisent des termes longtemps marginaux dans le vocabulaire de l'industrie et du développement. Parmi eux le hacking, le bidouillage, le bricolage, le making ou le crafting, la fabrication, l'invention, l'expérimentation… En 2014, le maire de Barcelone Xavier Trias annonçait à l’occasion du Forum Fab10 vouloir faire de sa ville la première Fab Cité du monde.

A quoi a-t-on affaire ? Pure passion pour les nouvelles technologies, « techno-fantasme », ou radicale critique en creux de la société de consommation et du travail salarié ? Inoffensif ou biens subversif ?

Entre les deux, faut-il alors aller parler de l'élaboration d'une Do-Ocratie ? Le mouvement "faire" est puissant, il a ses rassemblements et ses médias qui attirent des dizaines de milliers de personnes chaque année. Pour ce mouvement qui a fait sien à la lettre ce slogan d’une grande marque de Sport : de "Please Do It"  à J"ust Do It" il n'y a qu'un pas, un bond géant peut-être… Il faudra regarder qui, finalement, fait les fablabs ou les hackerspaces, qui y travaille, et ce qu'ils font de leur production.

Une émission préparée et présentée par Xavier Martinet.

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