Des Balkans à Manchester : le classico des identités : épisode 1/4 du podcast Football : un phénomène total

Supporters de l'Albanie lors du match de l'Euro 2016 contre la Suisse
Supporters de l'Albanie lors du match de l'Euro 2016 contre la Suisse ©Reuters - Reuters Staff
Supporters de l'Albanie lors du match de l'Euro 2016 contre la Suisse ©Reuters - Reuters Staff
Supporters de l'Albanie lors du match de l'Euro 2016 contre la Suisse ©Reuters - Reuters Staff
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A l'occasion de l'Euro 2016, on s'intéresse au football et, aujourd'hui, à la dialectique complexe entre foot & identités. Comment le foot peut-il être ferment identitaire?Comment expliquer qu'il catalyse tant de passions et de projections? Cap d'abord sur l'Albanie, qualifiée surprise & historique.

Avec
  • Joachim Barbier Journaliste à So Foot
  • Loïc Trégourès Chargé d'enseignement en sciences politiques à l'Institut catholique de Paris, spécialiste des Balkans
  • Alessandro Aleotti Fondateur et président de l’équipe milanaise Brera Calcio

L’Albanie participe à sa première coupe d’Europe, un événement sportif, mais aussi un événement historique et symbolique. Il suffit de regarder cette sélection des aigles pour comprendre qu’elle est le reflet de l’histoire de ce pays des Balkans qui n’a pas été épargné par les crises depuis de longues décennies, en fait depuis le début de son existence. En effet, si la création de l’état albanais remonte officiellement à novembre 1912, la lutte pour son existence, pour la reconnaissance de son identité, de ses frontières, s’est poursuivie dans le temps. De la République et des premiers temps démocratiques à la monarchie d’avant-guerre, puis de l’occupation italienne durant la Seconde Guerre mondiale à la montée du communisme qui se poursuivra jusqu’à la dislocation du bloc soviétique en 1991 ; pour l’Albanie tout le vingtième siècle a été une succession de crises, d’humiliations, de luttes, et autres guerres. Pas étonnant, donc que la qualification des joueurs albanais apparaisse aujourd’hui comme une revanche. Pour tout un peuple d’abord, mais aussi pour ces joueurs qui, s’ils viennent pour la plupart de l’étranger et vivent loin de la mère patrie, ont fait le choix du cœur et des racines en portant le maillot rouge frappé de l’aigle à deux têtes. Cette équipe dispersée aux quatre coins de l’Europe, elle incarne l’unité d’un peuple par-delà les frontières.

Que nous dit la petite histoire de cette sélection emmenée par un sélectionneur italien - Giovanni De Biasi – de la grande histoire de l’Albanie ? Comment s’est-elle construite ? Et quelle(s) identité(s) défend-elle ? Que révèlent les espoirs, les peurs, les scènes de liesse suscités par la qualification de l’Albanie sur l’histoire et la politique de ce pays ? Comment expliquer que le football puisse incarner à lui seul tant de passion et de projection ?

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Force est de constater, que dans les Balkans peut-être plus qu’ailleurs, football, identité et politique sont bien imbriqués. Plus qu’un miroir de la société, le foot influe directement sur le récit national et sur l’agenda politique. Mais jusqu’à quel point le sport influe-t-il sur le politique ? On va voir ce matin que dans l’ensemble de l’espace balkanique, foot et politique sont intimement liés.

Au-delà des Balkans, nous irons également en Grande-Bretagne : berceau du football, berceaux des plus grands « derbys », de rivalités entre villes adverses (Liverpool Manchester par exemple)  qui sont souvent d'anciennes cités industrielles, et où l’histoire du football a tout à voir avec la révolution industrielle et l’identité même de la classe ouvrière britannique. Même si nous verrons qu 'à Manchester, par exemple, entre City et United il y a une affaire de classe aussi, nous parlerons de ce pays qui aime le foot

Puis nous irons en Italie, où le foot est presque une religion, on le sait : souvent déchaînement de passion identitaires, parfois déchaînement de haine raciale.

Une émission préparée par Clémence Allezard

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