Des femmes d’influence (1/4) - Amérique latine : l’exercice de l’Etat

France Culture
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Avec
  • Frédéric Louault Directeur du Centre d'étude de la vie politique (CEVIPOL), co-directeur du Centre d'étude des Amériques (AmericaS) à l’Université Libre de Bruxelles.
  • Maria Isabel Allende sénatrice chilienne, ancienne députée et présidente de la Chambre des députés du Chili, fille du président Salvador Allende.
  • Renée Fregosi philosophe et directrice de recherche en science politique à l'Institut des hautes études d’Amérique Latine.

Le 15 décembre prochain, jour du deuxième tour de l’élection présidentielle au Chili, les électeurs de ce pays choisiront leur présidente. Ce sera dans tous les cas une femme puisque Michelle Bachelet, grande favorite et déjà présidente du pays entre 2006 et 2010 sera opposée à une autre femme, Evelyn Matthei, candidate de la droite.

Ce duel féminin au sommet a de quoi étonner dans un pays encore largement marqué par sa culture catholique et patriarcale. En 2006 la première élection de Michelle Bachelet avait d’ailleurs été présentée comme une petite révolution; mais ce serait oublier que les voisins du Chili, à commencer par l’Argentine de Cristina Kirchner, mais aussi le Brésil de Dilma Rousseff, ou encore… le Costa-Rica de Laura Chinchilla, sont gouvernés depuis quelques années par des femmes.

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On va s’interroger ce matin sur la signification de l’accession de femmes à la tête de l’Etat en Amérique latine. Y a-t-il un effet générationnel ? Autrement les militantes qui étaient aux premières loges de la lutte contre les dictatures sont-elles aujourd’hui logiquement arrivées à un moment où elles assument les charges les plus hautes de l’Etat (cas de Dilma Rousseff et Michelle Bachelet). Pour une mise en perspective et une compréhension de cette question nous avons interviewé Maria-Isabel Allende, la fille du président Salvador Allende, elle-même une figure de la vie politique chilienne, très engagée sur les questions de représentation des femmes en politique.

Mais on aussi se demander si ces grandes figures de femmes au pouvoir ne seraient pas plutôt des cas isolés, des symboles ? Le Brésil, par exemple, est aujourd’hui encore très en retard dans la représentation des femmes au sein de la classe politique, malgré l’accession au pouvoir de Dilma Rousseff. Son voisin l’Equateur, qui n’a jamais été gouverné par une femme, affiche quant à lui de bien meilleurs résultats en termes de parité… Nous interrogerons tout à l’heure Frédéric Louault, un chercheur qui a pu comparer ces deux pays, et leurs solutions pour intégrer les femmes dans le champ politique.

On l’aura compris, la question centrale qui nous occupera ce matin sera bien celle de la féminisation de la classe politique dans les pays d’Amérique latine. Mais on s’intéressera aussi aux conséquences de la « prise de pouvoir des femmes » dans la région. Permet-elle des avancées sur les grandes questions de mœurs qui concernent au premier chef les femmes: contraception et ivg? On le verra ces questions demeurent sensibles en raison du poids de l’Eglise dans les sociétés latinoaméricaines. Dilma Rousseff, Cristina Kirchner ou Michelle Bachelet doivent composer avec des rapports de force très complexes dans leur pays et parfois même dans leur propre parti…