Le Japon a longtemps éludé des manuels scolaires son histoire coloniale avec la Corée. Débat long de plusieurs dizaines d'années, la reconnaissance de l'histoire coloniale est un enjeu diplomatique entre ces deux pays. Comment le Japon et la Corée vont-ils surmonter leurs différents?
- Arnaud Nanta Chargé de recherche au CNRS, en poste l'Institut d'Asie Orientale de Lyon.
- Christine Levy Maîtresse de conférences en études japonaises à l'Université Bordeaux Montaigne.
- Tsukasa Yajima Photographe japonais, il a photographié les femmes de réconfort en Corée notamment.
- Jean-François Sabouret Sociologue du Japon, directeur de recherche au CNRS et directeur du réseau Asie/Imasie.
Les commémorations sont souvent l’occasion, pour les responsables politiques, de parler d’histoire, de celle qu’on a du mal à accepter, de celle qui divise. Entre le Japon et la Corée, les différends ne manquent pas. et pour cause, la péninsule fut envahie et annexée par l’empire nippon dès 1910 jusqu’en 1945.
Le premier discours d’un chef de gouvernement japonais à propos de la Seconde Guerre Mondiale et des responsabilités de Tokyo, c’est celui de Tomiichi Murayama remontant à 1995 et dans lequel il présentait les excuses officielles pour les souffrances infligées : le Japon a, « à travers sa domination coloniale et ses agressions, causé d'immenses dommages et souffrances aux populations de nombreux pays, particulièrement à celles des nations asiatiques » il y présentait des excuses aux familles des victimes. Pourtant, 20 ans plus tard, l’actuel chef du gouvernement – Shinzo Abe – revenait, subtilement, sur cette position.
Des « éternelles condoléances », « un deuil profond » et des « regrets » pour les « dégâts et les souffrances incommensurables », mais pour les excuses, c’est plus difficile: « Nous ne devons pas laisser nos enfants, petits-enfants et les générations suivantes, qui n’ont rien à voir avec la guerre, être prédestinés à s’excuser ».
L’année dernière, 20 ans après, l’actuel premier ministre changeait de ton et livrait au monde une vision différente des responsabilités du Japon dans les atrocités commises durant la Seconde Guerre.
Comment comprendre ce changement de cap ? Peut-on parler d’un retour du nationalisme nippon – voire de son nationalisme militariste ? De son côté, Seoul a une vision extrêmement négative du Japon. En effet, selon un récent sondage de la BBC World Service, 2014, 79% des Sud-Coréens considèrent l'influence du Japon de façon négative ce qui n’est pas étonnant pour un pays qui a fait les frais d’invasions nippones récurrentes et d’une politique d’assimilation culturelle extrêmement brutale durant la période coloniale. Dans ces conditions : la réconciliation est-elle encore possible entre les deux voisins ? Sous quelles conditions ? Quels sont les points sur lesquels il faudra se raccommoder ?
Une émission préparée par Thibault Sardier et Juliette Gadot.
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