Le retour de la "question d'Orient" (1/4) - Israël-Palestine : La promesse d’un Etat

France Culture
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Avec
  • Emmanuel Navon Professeur de relations internationales à l’Université de Tel Aviv, membre du parti Nouvel Espoir
  • Alain Dieckhoff Directeur du CERI-Sciences Po, directeur de recherche au CNRS
  • Leïla Shahid Ambassadrice, ex-ambassadrice de Palestine

Cette semaine dans CulturesMonde: Comment - et en quoi - la chute de l’empire Ottoman est redevenue – depuis « les printemps arabes » - le moteur des conflits au Moyen-Orient?

Le retour de la "question d'Orient"
lundi: Israël-Palestine : La promesse d’un Etat

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mardi: Turquie : le tabou arménien & la nostalgie de la grandeur impériale

mercredi: « Briser la frontière Sykes-Picot » ou la revanche de l’histoire

jeudi: Echapper à l’influence occidentale

L’expression « Question d’Orient » est utilisée pour qualifier l’implication des puissances européennes et occidentales en Méditerranée orientale et dans les Balkans, profitant des difficultés de l’Empire ottoman.

L’historien** Henry Laurens** écrivait dans la revue le débat (1er trimestre 2015) :

« Depuis la fin du xviii e siècle, cette région du monde est soumise à une interaction permanente entre acteurs locaux, acteurs régionaux et acteurs internationaux, compliquée par un jeu constant d’ingérences et d’implications. Les acteurs extérieurs sont autant appelés qu’ils interviennent d’eux-mêmes. Ce n’est nécessairement pas par méchanceté qu’ils s’en mêlent, mais parce qu’on leur demande de s’en mêler . »

Ces dernières années, de nombreux éléments sont venus perturber un équilibre déjà bien précaire : l’intervention américaine en Irak, les printemps arabes, l’émergence d’un djihadistan à cheval sur l’Irak et la Syrie…

Aujourd’hui, le Moyen-Orient est à feu et à sang… la région semble toujours atteinte de soubresauts résultant – en partie, pas seulement évidemment - de la chute de l’Empire Ottoman qui avait garanti une certaine stabilité pendant près de trois siècles avant de se fissurer de toutes parts au cours du 19ème siècle.

Sur les cendres d’un empire déchu, l’Occident avait redessiné un nouvel ordre mondial… partageant les territoires et dessinant des frontières à sa guise (sur les bases des fameux accords Sykes-Picot signés (entre français et britanniques, mais avec l’accord de la Russie tsariste et de l’Italie) en mai 1916 et prévoyant, au terme de la première guerre mondiale, le partage du Moyen-Orient en cinq zones malgré les promesses d'indépendance faites aux Arabes).

Dès le départ, ce partage territorial portait en son sein les germes d’une crise qui n’est jamais apparue aussi grave et généralisée.

D’une certaine manière, l’histoire prend sa revanche.

Nous allons nous pencher cette semaine sur la manière dont la fin de l’Empire Ottoman continue de nourrir - plus que jamais – le moteur des conflits actuels dans la région.

Nous reviendrons sur la remise en cause des frontières issues des accords Sykes-Picot avec Pierre-Jean Luizard (que nous recevrons demain pour évoquer les thèses de son nouvel ouvrage : « Le piège Daech »).

Puis nous évoquerons la pratique du pouvoir du président turc… dont on dit qu’elle a eu tendance à devenir de plus en plus autoritaire… Un président qui voudrait refaire de son pays le cœur de la région… (Recep Tayyip Erdogan, nouveau sultan de la Turquie ?... nous parlerons de ce néo-ottomanisme avec Ahmet Insel )

Enfin, pour clore la semaine, nous demanderons si la région peut échapper à cette influence extérieure avec Henry Laurens

Mais pour commencer, presque 100 ans après la Déclaration Balfour de 1917 qui marquait la promesse -formalisée et officialisée à la conférence de San Remo en 1920- de la création d’un état juif… Le moment est-il venu pour la création d’un état arabe, à côté d’Israël ?

Ce n’est en tout cas pas l’avis de Benyamin Netanyahu qui, durant la récente campagne, sous la pression de sondages défavorables, avait promis que, dans le cas où il serait réélu, il empêcherait la création d'un État palestinien.

Les temps sont-ils venus pour la reconnaissance d’un état palestinien ?
On se souvient de la demande de reconnaissance de l'Etat Palestinien officiellement formulée par Mahmoud Abbas en septembre 2011. Elle avait été votée par l'Assemblée Générale mais les États-Unis avaient mis leur véto…

Si les Etats-Unis décidaient de ne plus utiliser s’y opposer, ce serait un véritable séisme géostratégique pour Jérusalem…

Le conflit israélo-palestinien - Ouvrage de Jean-François Goulou / Editions Retour aux sources, 2014
Le conflit israélo-palestinien - Ouvrage de Jean-François Goulou / Editions Retour aux sources, 2014
© Radio France

*Une émission préparée par Xavier Martinet *