Ordures ou richesses : les poubelles du monde (1/4) - De Naples à Vienne: la collecte des ordures

France Culture
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Avec
  • Alberto Lucarelli professeur de droit public à l’Université Federico II de Naples, adjoint au maire de Naples en charge des « biens communs », de la gestion de l’eau.
  • Fabrizio Maccaglia agrégé de géographie, maître de conférence en géographie Université François Rabelais, Tours.
  • Sylvie Lupton enseignant-chercheur à la Novancia Business School Paris.
Fabrizio Maccaglia
Fabrizio Maccaglia
© Radio France

De Naples à Vienne, la collecte des ordures... Un itinéraire très symbolique dans la mesure où ces deux grandes villes européennes illustrent deux réalités extrêmes sur cette problématique de la collecte et de la gestion des déchets. Depuis plusieurs années, la crise des ordures qui frappe Naples et sa région fait la Une de la presse européenne: des monceaux d’ordures et d’immondices dans les rues, des riverains excédés qui mettent le feu à ces tas de déchets, une situation écologique et sanitaire dramatique. Les causes sont connues: la gestion des déchets dans la région italienne de Campanie est accaparée par la mafia napolitaine. En quelques années ce réseau criminel avait réussi à se substituer à des services publics défaillants, qui n’arrivaient plus à collecter les quelque 7500 tonnes de déchets produites chaque jour dans l’agglomération. Une fois collectées, les ordures étaient ensuite déversées dans des décharges tantôt « légales », tantôt « sauvages ». Les certifications environnementales et sanitaires n’étant souvent pas respectées. Bref, c’est toute une filière de la collecte qui se trouvait infiltrée par des réseaux criminels. Comment s’est faite cette criminalisation de la filière des déchets?

En mai 2011, Silvio Berlusconi avait fait intervenir l’armée pour dégager les rues de la ville. Plusieurs « hauts commissaires » ont été nommés ces dernières années pour tenter de trouver des solutions – durables – à cette crise des déchets qui empoisonnent la ville à intervalle régulier. Où en est-on aujourd’hui? Quelles sont les options envisageables pour affronter cette crise de la collecte des déchets? Faut-il brûler les déchets dans des incinérateurs? Agrandir les décharges? Lancer de grandes politiques de recyclage des déchets dans la ville et dans toute la région? Au-delà de la question mafieuse, c’est bien une question de politique publique qui est posée à Naples et dans toute la Campanie.

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Au niveau européen, elle fait l’objet de plusieurs « directives déchets » qui donnent un cadre juridique aux politiques de collecte des ordures. Sur ce point les pays du nord de l’Europe sont d’ailleurs très en avance. C’est le cas de l’Autriche, des Pays-Bas, le Danemark, qui ont été désignés récemment « meilleurs élèves » de l’Union pour leur politique volontariste de gestion des déchets (tri sélectif, encadrement strict des décharges...). Alors comment expliquer de telles différences dans les politiques de collecte des déchets en Europe?