Samedi dernier, de graves affrontements ont eu lieu à Marseille entre les supporters russes et anglais autour du match qui opposait les deux équipes. D'où viennent le hooliganisme et la violence dans les stades ? Que nous apprennent-ils sur la place du football dans la société ?
- Patrick Mignon Sociologue du sport
- Ronan Evain Directeur général de l'association Football Supporters Europe (FSE)
- Suzan Gibril doctorante à la Faculté des Sciences Sociales et Politiques de l’Université Libre de Bruxelles
Trente-cinq blessés, trois supporters dans un état grave, dix personnes en garde à vue... Des peines de prison avec mandat de dépôt ont été infligées, hier, à des supporters anglais, français et autrichien jugés en comparution immédiate. Aucun russe : « trop rapides, trop bien organisés » a expliqué le procureur de la République de Marseille.
Les violences tant redoutées en marge du match Angleterre-Russie ont donc bien eu lieu malgré l’important dispositif policier annoncé et l’interdiction de stade de près de 3 000 supporters étrangers. 9 personnes ont également été blessées à Nice dans des affrontements entre supporters nord-irlandais et polonais. La France avait pourtant accueilli 200 spotters venus de toute l’Europe, ces physionomistes chargés de repérer les supporters les plus violents.
Le hooliganisme, que l’on croyait quasiment disparu en Grande-Bretagne, en France et en Allemagne, a donc resurgi ce week-end avec une ampleur inédite : 600 individus, russes et anglais principalement, ont été impliqués dans les débordements. Depuis le drame du Heysel en Belgique en 1985, qui avait fait 39 morts et plus de 450 blessés après l’effondrement d’un muret dans des affrontements, des mesures ont été prises un peu partout en Europe : interdictions de stade, hausse des prix des billets, disparition des places debout ou encore prohibition de l’alcool. Les mesures ont fait leurs preuves et les violences ont considérablement diminué en vingt ans en Europe de l’Ouest. Mais voilà que, désormais, une nouvelle menace vient des pays de l’Est.
Alors, les débordements de ce weekend marquent-elles l’échec ou au moins les limites de ces politiques ? Que nous apprennent les exemples britanniques et allemands ? Quels sont les risques d’une politique du tout-répressif ? Incriminer l’alcool comme l’a fait Bernard Cazeneuve, ne revient-il pas à dissimuler les vrais enjeux ? Quels sont les liens des hooligans russes, ukrainiens ou polonais avec les groupuscules d’extrême-droite ? Et en quoi les spécificités culturelles produisent-elles des formes de hooliganisme différentes ?
Une émission préparée par Tiphaine de Rocquigny.
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