Urgences migratoires (2/4) - Asie du sud-est : la malédiction des Rohingyas

France Culture
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Avec
  • Habib Habiburahman cyberactiviste rohingya qui a fui en Australie
  • Jacques Ivanoff ethnologue, chercheur au CNRS basé au Muséum national d'histoire naturelle.
  • Olivier Guillard directeur de l'information chez Crisis24, chercheur Asie au CERIAS (Université du Québec à Montréal), chargé de cours à l'EDHEC

Cette semaine Culturesmonde se consacre aux migrations. Aujourd'hui : la situation des Rohingyas en Asie du Sud-Est. Cette minorité musulmane fait la Une des médias depuis quelques temps mais les discriminations dont ils font l'objet ne sont pas nouvelles. Retour sur la malédiction d'une population.

Petite fille Rohingya portant une pancarte numérotée pour l'identification des migrants. 22 mai 2015
Petite fille Rohingya portant une pancarte numérotée pour l'identification des migrants. 22 mai 2015
© Reuters - Beawiharta

L’Europe n’est pas la seule à devoir faire face à une crise migratoire. En mai dernier, les délégués de dix-sept pays se retrouvaient en Sommet à Bangkok, sous l’égide des Nations Unies, pour essayer de trouver une solution à la crise migratoire qui secoue l’Asie du sud Est dont les racines se trouvent du côté de la Birmanie et du Bangladesh. A l’origine de cette réunion : un drame humanitaire en pleine mer…

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C’est bel et bien à un terrible « ping pong humain » que se livrent avec les migrants les autorités birmanes, thaïlandaises mais aussi bangladaises et malaisiennes dans l’océan indien. Au cœur de ce jeu macabre : les Rohingyas, cette minorité musulmane persécutée depuis des décennies en Birmanie et apatride depuis 1982, une minorité qu’aucun pays ne semble prêt à accueillir, pas plus que les migrants bangladais qui s’entassent dans des bateaux par centaines pour fuir la misère ou les persécutions.

Signe que les départs des migrants s’intensifient et que la situation devient de plus en plus critique : début mai, les corps de 139 personnes ont été découverts dans des tombes en Malaisie, symbole de l’immense trafic d’êtres humains qui se déroule sur ce point de passage bien connu des passeurs, sur la frontière avec la Thaïlande.

Malgré les pressions de la communauté internationale et l’appel de Barack Obama à cesser les discriminations envers les Rohingyas, personne ne semble vraiment capable de faire plier les autorités birmanes, accusées d’instrumentaliser cette haine anti-musulmans à des fins politiques.

Les mesures prises au Sommet de Bangkok peuvent-elles avoir un réel effet sur les réseaux et sur la situation des migrants illégaux ? Comment expliquer cette augmentation des candidats au départ et comment comprendre les persécutions dont sont victimes les Rohingyas en Birmanie ? S’agit-il d’un conflit ethnique ou religieux ? Et comment comprendre le silence d’Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la Paix et opposante de la première heure, sur ces discriminations ?

Pour en parler, nous avons invité un anthropologue qui nous revient tout droit de Bangkok, Jacques Ivanoff , chercheur au CNRS, spécialistes des peuples nomades d’Asie du Sud-est et co-auteur de La Monnaie des frontières (Irasec, 2009).

Nous retrouverons : **Habib Habiburahman, ** uncyberactiviste rohingya qui a fui la Birmanie pour gagner l’Australie, depuis laquelle il s’engage pour défendre la cause de sa communauté.

Puis nous nous intéresserons aux conséquences diplomatiques de cette crise migratoire avec Olivier Guillard .

Une émission préparée par Tiphaine de Rocquigny

Au programme de cette semaine "Urgences migratoires" :

Lundi : L'Europe de la discorde

Mardi : Asie du sud-est : la malédiction des Rohingyas

Mercredi : Des Etats-Unis à la République Dominicaine : la promesse de l’intégration

Jeudi : Réfugiés au Moyen-Orient : le poids des diasporas