

Voici donc l'enjeu d'un tel ouvrage consacré à Saussure : restituer la portée de ses réflexions qui étaient alors en cours, sur le langage qui est lui-même toujours en cours, sans pour autant partir de son seul Cours.
- Thomas Robert
- Claire Forel
On distingue son profil sur la couverture, très jolie couverture d'ailleurs et livre que l'on doit aux éditions Métis Presses : c'est un très grand linguiste, un des plus connus, et pourtant, on en parle peu, il y a peu de parutions autour de son œuvre, ce qui est bien paradoxal quand même pour un linguiste… C'est bien sûr Ferdinand de Saussure : Saussure, une source d'inspiration intacte, tel que l'indique les titre et sous-titre de cet ouvrage collectif, dirigé par Claire Forel et Thomas Robert.
Comme les mots sont importants pour évoquer la figure et l'œuvre d'un tel linguiste, il faut bien s'arrêter sur ce terme « intacte », car dès les premières lignes, nous sommes prévenus : on aurait tort de réduire Saussure à son Cours de linguistique générale, paru un an après sa mort, en 1914, cours, qui plus est, publié à partir de notes de ses élèves et dont l'idée générale est bien celle d'un langage qu'il faut appréhender à travers ses réalisations et non à travers des entités figées et abstraites.
Voici donc l'enjeu d'un tel ouvrage consacré à Saussure : restituer la portée de ses réflexions qui étaient alors en cours, sur le langage qui est lui-même toujours en cours, sans pour autant partir de son seul Cours. Comment, alors, y procéder, c’est-à-dire restituer de manière intacte ce qui n'a pas été achevé et ce qui a été souvent mal lu, mal rendu ? Et surtout comment laisser intact ce qui s'élabore à travers le langage, qui lui-même sans cesse se réalise à travers des points de vue, qui fonctionne de l'intérieur sans marquer d'arrêts définitifs ?
Parler du langage a déjà toujours quelque chose de vertigineux, parler d'un linguiste qui soutenait lui-même que le langage n'a pas d'origine ni de fin l'est d'autant plus : mais, ces articles réussissent à donner une vision d'ensemble de Saussure, de sa vie, de son œuvre, de ses travaux sur les langues anciennes à la question de la sémiologie, en passant par sa thèse de l'essence négative du langage… On pourra ainsi s'arrêter sur la dernière partie, très joliment et pertinemment intitulée « aux confins de la linguistique », tant Saussure nous aura mis face aux vertiges du langage.
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