"Itinéraire pour un cœur amoureux" de Fabrice Sabolo

France Culture
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C’est un livre sur l’amour,de quoi bien terminer ou même prolonger cette semaine autour de l’érotisme, puisque l’enjeu de cet ouvrage de Fabrice Sabolo, c’est justement d’aller plus loin que l’amour-éros, celui dont vous avez parlé en tout début de semaine, avec Platon.

Avec
  • Fabrice Sabolo

L’enjeu, plus précisément, c’est bien de suivre l’itinéraire de l’amour au-delà de ses 1ers émois, au-delà de ce qu’il nous fait ressentir, et presque malgré nous : de l’intensité, la certitude que l’on a atteint le maximum de ce que l’on pouvait ressentir, le meilleur de l’amour, l’idéal de perfection, et puis aussi, car l’idéal n’est bien sûr qu’un horizon, et que le maximum et le meilleur le sont parce qu’il y a aussi du moins bon et du moins bien, la déception de cet état qui ne se maintient pas. Alors pourquoi vouloir finalement suivre le cœur après ça ? Où peut-on aller après ces 1ers émois, qu’y a-t-il au-delà de cet amour-éros ? N’y a-t-il pas tout simplement la fin de l’amour ? Et d’ailleurs, faut-il à tout prix s’entêter à vouloir connaître à quoi ressemble l’amour quand il se finit ou à vouloir à tout prix continuer l’amour ?

C’est pourtant là que tout peut commencer : ce moment où la volonté commence à s’en mêler, où l’on ne subit plus l’amour, ou du moins, où l’on ne se laisse plus porter. C’est aussi là où tout commence car ce n’est plus moi qui suis en jeu, mais l’autre, celui que l’on a en fait choisi. Mais le plus intéressant, à travers ces pages, c’est de formuler cet après de l’amour-éros : en partant non seulement d’Aristote et de son amour d’amitié, son amour-philia qui se nourrit de la personne que l’on aime, amour plus profond, plus altruiste, plus doux, mais surtout en évoquant le réalisme de l’amour. Après l’idéal, le réalisme de l’amour, donc.

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Cela peut sembler assez simple comme opposition, comme articulation, entre idéal et réalisme, et pourtant : ce terme de « réalisme » rend bien la confrontation avec l’autre, il contraste bien, et complète bien aussi la douceur, l’altruisme que comprend l’amour-philia, ce « réalisme ordonné à la personne » révèle bien aussi toute la résistance que l’on a face à l’autre, mais aussi le plaisir qu’il y a à dépasser cette résistance.