"Pascal" de Michel Schneider

Quel portrait faire de celui qui ne sait pas qui l’a mis au monde, qui ne sait pas non plus ce qu’est le monde, ni enfin et surtout ce qu’il est lui-même ? Quel portrait donc faire de Pascal à qui l’on doit ces quelques lignes que l’on vient d’entendre, à qui l’on doit cette pensée ?

Faire le portrait, justement, de grands auteurs comme Pascal, tel était le projet, déjà dans les années 30 et 40, de la collection « Les auteurs de ma vie ». Mais mieux que cela, l’idée était de faire faire ce portrait de grands auteurs par de grands auteurs : Virgile par Jean Giono par exemple, Hugo par Michel Butor, ou encore Descartes par Paul Valéry. Aujourd’hui, les éditions Buchet Chastel reprennent cette collection, elles republient ces grands titres, mais elles en ajoutent d’autres comme ce Pascal, donc, par l’écrivain et musicologue Michel Schneider.

Pascal ou le philosophe du soupçon, à la manière d’un Nietzsche, d’un Marx ou aussi d’un Montaigne… comment donc en parler, quelles pages de son œuvre choisir pour peindre au mieux son visage ? La question se pose pour tous les auteurs, mais Pascal est celui pour qui le problème apparaît le plus clairement : dans le très beau texte qui ouvre cette anthologie, Michel Schneider souligne ainsi ces difficultés : éviter l’approche psychologique, celle qui s’en tiendrait à ses thèses, ou encore éviter tous ces problèmes en s’en tenant aux contradictions de Pascal, tout à la fois mondain, mathématicien et croyant.

L’identité de Pascal, Michel Schneider la découvre dans l’écriture même de ses Pensées, de ses Lettres, de ses Provinciales, dans sa manière de dire, comme le disait George Sand de son style. « Ecrire, tout est là », « toujours les mêmes mots, les mêmes motifs : ordre, vérité, cœur, figure, preuve, Dieu, mais le tout dans une mise en scène » en mouvement.