"Sensibilités, n° 1. Anatomie du charisme"

France Culture
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Pour son premier numéro, la revue "Sensibilités" décortique le charisme et tente d'élucider son mécanisme.

« Nous appellerons charisme la qualité extraordinaire d’un personnage qui est, pour ainsi dire, doué de forces ou de caractères surnaturels ou surhumains ou tout au moins en dehors de la vie quotidienne, inaccessibles au commun des mortels »… C’est dans Economie et société que l’on trouve ces mots qui Max Weber accomplit ici le geste fou de faire d’une caractéristique religieuse la marque des leaders politiques.

Et oui, avec lui, le charisme, cette qualité que l’on a vu ressurgir pour tenter de cerner la popularité de Donald Trump, est devenue une des explications du processus de domination, ou du moins, de désignation d’un chef politique. Mais comment comprendre que la politique agisse elle aussi comme la religion, c’est-à-dire avec des procédés magiques, et avec l’appui de la croyance ? Comment comprendre, en fait, que Max Weber ait fait du charisme l’explication de la domination, c’est-à-dire une explication sans cause, qui n’a pas de cause propre à la personne qu’elle caractérise, physique ou intellectuelle, mais une cause qui opère à la manière d’un sentiment qui circule et dont on ne sait pas l’origine ?

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Pour un 1er numéro d’une revue nommée Sensibilités, grande et belle revue graphique, d’histoire, de critique et de sciences sociales, le charisme tombe donc à pic : car il s’agit bien de décortiquer le charisme, d’élucider son mécanisme, d’en faire l’anatomie, à partir d’articles de recherches, d’enquêtes et d’expérimentations, ou encore des moments plus enlevés avec recette pour devenir charismatique.

Avec l’idée, certes, de prendre acte de de la domination politique à laquelle on croit même sans raison, c’est d’ailleurs déjà ce que disait Pascal sur la condition des grands, mais avec surtout cette volonté de révéler comment le social s’incorpore tout à coup concrètement en une personne.