"Signaux sensibles. Entretien à propos des arts" par Jean-Luc Nancy et Jérôme Lèbre

France Culture
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Dans cet ouvrage, Jean-Luc Nancy et Jérôme Lèbre s'entretiennent sur la situation et la signification de l'art.

Jean-Luc Godard qui « parle sur une scène plongée dans l'obscurité d'où émerge son visage et aussi, projeté derrière et un peu au-dessus de lui, celui de Hannah Arendt, jeune, charmante, émouvante et qui semble regarder le public depuis une hauteur quasi céleste ». Voilà à quoi ressemble la séquence que l'on vient d'entendre, séquence du film d'Anne-Marie Miéville, Nous sommes tous encore ici. Et c'est le philosophe Jean-Luc Nancy qui la raconte ainsi, dans ces entretiens avec Jérôme Lèbre.

Pour Jean-Luc Nancy, il y a dans cette scène de quoi souligner les rapports entre l'image et le langage, entre le visage des penseurs et leurs textes, entre celui d'Arendt et ses mots lus par Godard. Et c'est vrai que l'on se pose trop peu la question de l'image des philosophes : à quoi ressemble un philosophe dont on lit un texte, ou dont on entend le texte ? Quels sont par exemple les portraits de philosophe que l'on a en tête et que l'on a formé avec certaines de leurs œuvres, ou de leurs phrases ?

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Comme le rappelle Jérôme Lèbre à Jean-Luc Nancy : pour Deleuze, « l'histoire de la philosophie consiste bien à peindre des « portraits mentaux » », et si l'on se demande souvent quel est la signification de l'art, la question inverse se pose tout autant dans ce dialogue : à quoi pourrait ressembler le portrait d'un philosophe qui se formerait au gré de ses paroles ? Comment pourrait prendre forme le portrait d'un homme, et même d'une philosophie ? Quel serait donc cet art de la signification philosophique ?

Peinture, musique, cinéma, photographie, tout comme l'art se démultiplie en genres et en formes, les pensées se forment elles aussi en autant d'allures et de styles, elles se manipulent et se triturent avec technique et calcul, mais aussi avec maintes évocations et impressions... C'est ainsi que l'on suit celle de Jean-Luc Nancy ici, et que se forme par touches son portrait.