

La douleur physique, la douleur morale, la douleur de vieillir, plus inattendue car peu étudiée par les philosophes, et enfin, la douleur et l'art, soit une dernière partie qui tente, grâce à l'art, non pas de sortir de la douleur mais bien d'en comprendre la logique, d'en saisir l'essence.
C'est un livre de Jérôme Porée, ou plus précisément, il s'agit de quatre études : Sur la douleur, comme l'indique le titre. Quatre études donc, qui déploient la douleur en quatre dimensions : la douleur physique, la douleur morale, la douleur de vieillir, plus inattendue car peu étudiée par les philosophes, et enfin, la douleur et l'art, soit une dernière partie qui tente, grâce à l'art, non pas de sortir de la douleur mais bien d'en comprendre la logique, d'en saisir l'essence.
C'est d'ailleurs sur ce dernier point qu’il faut s'arrêter : sur cette subtilité qu'il y a à vouloir saisir la douleur pour elle-même, sans vouloir en sortir. C'est une démarche paradoxale : car qui veut vraiment saisir la douleur et s’y arrêter ? Qui veut en profiter ?
Alors, certes, on pourrait parler d'un certain plaisir de la douleur, du sado-masochisme par exemple, mais c'est une douleur maîtrisée ; on pourrait aussi parler du plaisir qu'il y a combattre sa douleur, à la manière des stoïciens, mais là encore il s'agit de maîtriser la douleur ; et enfin, on pourrait parler de Nietzsche et de sa manière d'identifier la souffrance à la vie... Mais qui a déjà vraiment joui de la douleur, de la souffrance, de la maladie, de l'angoisse, de la déchéance ? Plus, qui a déjà aimé, chéri, ou au moins accepté la douleur, si ce n'est seulement dans une perspective d'aller mieux, d'en sortir ?
C'est ce que précise d'emblée Jérôme Porée dans sa préface : la douleur ne trouve paradoxalement sa définition, sa raison d'être, sa justification, que dans la comparaison avec un « aller mieux », avec un futur plaisir de sa disparation, autrement dit : la douleur ne se comprend qu'avec sa propre absence. De la même manière, elle peut elle-même surgir dans l'absence même : comme la dépression où l'on ne ressent plus rien, ou comme la vieillesse où l'altération du corps peut être insensible…
La douleur ne trouve donc sa force que dans sa propre disparition ou dans notre propre faiblesse. Elle se joue ainsi de l’intensité, entre le plus et le moins, entre le plus de faiblesse et le moins de puissance.
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