Alep, un drame humain après ?

En mars dernier, la FIDH a publié 20 chiffres pour saisir l’ampleur de la crise humanitaire en Syrie : 13 millions et demi de Syriens dépendent aujourd’hui de l’aide humanitaire, eau, nourriture, logement et service de santé. 7 millions et demi d’enfants n’ont jamais connu autres choses que la guerre. Des dizaines de milliers de Syriens sont détenus illégalement en Syrie dans des prisons où la mort est omniprésente. 4,3 millions de Syriens en exil, ils constituent la population de réfugiés la plus nombreuse. Le conflit syrien a déclenché la plus grande crise humanitaire au monde depuis la deuxième guerre mondiale, selon l’UE, qui appelle en vain à respecter le droit international et à sécuriser les routes d’acheminement de l’aide.

A Alep, l’aide est bloquée, "une catastrophe", pour Jan Egeland de l’ONU, "les docteurs et les infirmières se font tuer pendant que la population saigne". La deuxième ville du pays connaît depuis 72h une trêve fragile des combats, initiée par Washington et Moscou, alors que le secrétaire d’Etat américain John Kerry s’est alarmé en début de semaine d’un conflit qui est à bien des égards "hors de contrôle".

La plaie est toujours ouverte, après qu'Alep et ses hôpitaux ont connu une pluie d’obus sans précédent ces dernières semaines, quel drame humanitaire se joue actuellement en Syrie ? Après 5 ans de conflit, que sait-on de la population ? Quels sont les effets de la guerre sur la société syrienne ? Les représentations que nous nous en faisons sont-elles fidèles à la réalité ?

Comment montrer l'âpreté de la situation de la société syrienne depuis 2011 ?

C'est cette question qu'Antoine Tricot est allé poser au cinéaste en exil Ossama Mohammed. Coréalisé à distance avec une Syrienne de Homs, son dernier film Eau argentée a marqué les esprit. Il montre l’insurrection, sa répression, puis la violence de la guerre à travers d’abord une compilation d’images du net puis à travers celles que lui envoient son amie virtuelle Wiam Simav Bedixan, jeune femme kurde restée à Homs durant le siège, caméra au poing. Qu’a-t-il voulu montrer de la société syrienne, que l’Europe n’a pas su voir ?

Le film "Eau argentée" est disponible sur Youtube (payant) en cliquant ici.