Après la parution d'un article du Monde reprenant des extraits d'une thèse d'un historien des sciences sur le "discours de la sûreté" élaboré par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA): l'évaluation du risque est-elle scientifique ou politique?
- François Jeffroy Chef du Laboratoire des sciences humaines et sociales (LSHS) à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN)
- Leny Patinaux Historien des sciences, a soutenu sa thèse en décembre 2017 à l'EHESS.
- Olivier Borraz Directeur de recherche au CNRS et directeur du Centre de sociologie des organisations (CSO) de Sciences Po Paris.
C’est une controverse scientifique que les historiens connaissent bien… Celle qui opposa, au XVIIe siècle, Thomas Hobbes et Robert Boyle, sur la question de l’existence du vide.
Au premier qui n’y croyait pas, le second proposa d’en donner la preuve et diligenta une série d’expériences, aidé de son précieux instrument, la pompe à air, et entouré à chaque fois d’une assemblée de notables dont il pressentait que la seule présence donnerait plus de poids à ses conclusions.
Le fait est que Boyle avait raison : le vide existe, mais l’histoire permet surtout de comprendre que la démonstration scientifique passe aussi, par l’art de la persuasion.
C’est ce qui nous a sauté aux yeux, cette semaine, en lisant un article du Monde consacré à la thèse d’un jeune chercheur, salarié pendant trois ans de l’Andra, l’Agence nationale de gestion des déchets radioactifs, qui explique comment (pour faire court) à défaut de pouvoir prouver scientifiquement l’innocuité du stockage en sous-sol des déchets nucléaires, l’Agence travaille désormais à la rhétorique qui permettra de convaincre les instances chargées de valider ou non le projet d’enfouissement.
Comment fait-on la démonstration de la sûreté d’un projet nucléaire ? Comment anticiper des risques sur des milliers d’années ? Comment se négocie le compromis sur un risque dit « acceptable » ? Ces questions ne relèvent pas seulement des sciences dures, il s’agit aussi de sciences sociales et d’éthique, comme le savent par exemple les élus de certaines communes près de Bure, en Moselle. Question de sciences sociales, en plus d’être une question éthique, comme le rappelait récemment le maire d’une commune située non loin de Bure, Claude Kaiser.
En attendant l'émission, vous pouvez prendre connaissance de l'article du Monde ici
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