La Corse, une fissure dans l'Etat jacobin ?

Jean-Guy Talamoni
Jean-Guy Talamoni ©AFP - Pascal Pochard-Casabianca
Jean-Guy Talamoni ©AFP - Pascal Pochard-Casabianca
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Les élections territoriales corses ont placé en tête les forces autonomistes et indépendantistes. Sont-elles le prélude à une plus forte autonomie, voire à une future indépendance ? Est-ce une première fissure dans l’État jacobin ?

Avec
  • Benoît Trépied Anthropologue, chargé de recherche au CNRS, spécialiste de la Nouvelle-Calédonie
  • Gilles Simeoni Président du Conseil exécutif de Corse
  • Xavier Crettiez Professeur de science politique à Sciences Po Saint-Germain-en-Laye
  • Béatrice Giblin Géographe, professeure émérite à l'Institut Français de Géopolitique (Université Paris 8), et directrice de la revue Hérodote

« Je n’ai pas une goutte de sang corse, mais je n’aime pas que l’on me raconte des histoires », écrivait Michel Rocard dans le journal Le Monde en août 2000. « Amis jacobins » disait-il encore, « je suis aussi fier que vous, sinon davantage car, député européen, j’évalue mieux la force des principes qui ont fait la République française et qui scellent son unité. Mais ces principes se veulent libérateurs, et non oppressifs ».

Dix-sept ans plus tard, Michel Rocard repose à Monticello en Haute-Corse. La résistance à « l’oppression », selon ses mots, ne se fait plus par les armes. Et, fait qu’il n’avait pas vu venir, les nationalistes s’apprêtent à remporter la majorité des sièges dans une future méga Collectivité territoriale.

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La Corse, bientôt collectivité la plus décentralisée du pays le plus centralisé d’Europe, mais qui, çà et là, consent à redessiner ses contours. Comme en Nouvelle-Calédonie, si d’aventure les électeurs plébiscitaient l’indépendance lors du referendum qui aura lieu dans un an.

A l’heure où la Catalogne se prépare à un nouveau scrutin régional, où l’Ecosse bouscule un peu plus la tutelle anglaise à la faveur du Brexit, l’Etat français ne paraît pas plus tourmenté que cela. Pour l’instant, il écoute... 

Il écoute notamment l’idée nationaliste qui a fait son entrée à l’Assemblée nationale lors des dernières législatives. Trois députés nationalistes corses à qui Gérard Collomb a souvent à répondre.