

Le récit que crée Matteo Salvini autour de la dette peut-il nourrir sa carrière politique ?
Daniele Zappalà (Géographe et auteur d'une thèse sur “La géographie italienne des saveurs et des arômes dans l’imaginaire français contemporain”), Marie-Anne Matard-Bonucci (professeure d’histoire contemporaine à l’université Paris 8), Francesco Saraceno (Directeur adjoint du département d’études de l’OFCE).
La scène se déroule en Italie en décembre 2011, et c’est le journaliste Dominique Dunglas qui la raconte. Cette année-là, les finances italiennes sont à la dérive malgré deux plans d’austérité successifs de 100 milliards d’euros, les taux d’intérêt de la dette se sont envolés, la Banque centrale européenne exige de Rome une réforme des retraites en urgence.
Le gouvernement de Silvio Berlusconi est tombé trois semaines plus tôt, remplacé par Mario Monti, venu de Goldman Sachs… Sa ministre du Travail prend alors la parole lors d’une conférence de presse : « Nous allons dit-elle, devoir demander aux Italiens des sacr… ». Le mot se bloque dans la gorge de la ministre qui n’arrive pas à retenir ses larmes. « Tu voulais dire…. Des sacrifices », lui vient en aide Mario Monti, bon camarade.
De 62 ans, l’âge légal de départ à la retraite passe à 67, d’un coup. Mais cela ne parait pas suffire, plus de sept ans plus tard la dette publique italienne atteint 132% du Produit intérieur brut, quand l’Union européenne ne la tolère qu’en-dessous de 60. Sans doute la responsabilité est-elle partagée, répartie sur plusieurs gouvernements successifs… Mais Matteo Salvini en profite pour s’ériger en défenseur des intérêts italiens face à Bruxelles, conforté par les résultats de son parti d’extrême-droite, la Ligue, aux élections européennes.
L'équipe
