Les "cellules psychologiques" peuvent-elles régler les problèmes sociaux ?

Une employée de la papeterie Arjowiggins dans la Sarthe en mars 2019, après l'annonce de la liquidation de l'entreprise et la fermeture du site de Besse-sur-Braye.
Une employée de la papeterie Arjowiggins dans la Sarthe en mars 2019, après l'annonce de la liquidation de l'entreprise et la fermeture du site de Besse-sur-Braye. ©AFP - JEAN-FRANCOIS MONIER
Une employée de la papeterie Arjowiggins dans la Sarthe en mars 2019, après l'annonce de la liquidation de l'entreprise et la fermeture du site de Besse-sur-Braye. ©AFP - JEAN-FRANCOIS MONIER
Une employée de la papeterie Arjowiggins dans la Sarthe en mars 2019, après l'annonce de la liquidation de l'entreprise et la fermeture du site de Besse-sur-Braye. ©AFP - JEAN-FRANCOIS MONIER
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La formule « une cellule psychologique a été mise en place », bien connue après les attentats ou incendies, peut désormais s'entendre dans le cadre de plans de licenciement ou de fermetures industrielles. Mais ce type de cellules peuvent-elles régler des problèmes sociaux ?

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Ce sont quelques lignes apparemment anodines, parues dans la presse locale, qui ont déclenché l’envie de faire cette dernière émission de la saison. Elles concernent les salariés de la papeterie Arjowiggins, à Bessé sur Braye, promise à la fermeture. Plusieurs députés du département de la Sarthe les ont soutenus, en interpellant l’Etat, rien n’y a fait…

Alors en dernier recours et de guerre lasse, ils n’ont plus qu’une revendication à bredouiller : la mise en place d’une "cellule d’écoute psychologique".

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« Une cellule psychologique a été mise en place » lit-on depuis longtemps à chaque fois que se produit un attentat, mais aussi un accident de voiture grave ou un incendie; voilà qui a gagné la sphère industrielle. Comme si le politique ne pouvait plus rien, comme si les psys étaient les derniers palliatifs d’une véritable stratégie industrielle: on n’agit plus sur les causes du chômage mais on travaille sur la douleur, le sentiment de perte, la peur de la suite… par ailleurs bien réels.

Claude Halmos : "Etre écouté c'est important, mais les cellules psychologiques, dans le cas de fermetures d'usine par exemple, cela ne résoud pas les problèmes sociaux et cela peut même éventuellement les aggraver en servant de cache misère. Les problèmes sociaux ne sont pas que dans la tête."

Vincent de Gaulejac : "La lutte des places s’est substituée à la lutte des classes. Pendant longtemps le collectif était là pour soutenir un collègue en difficulté. Aujourd'hui la cellule psychologique renvoie la responsabilité à l’individu, le message est : le problème vient de vous."

Eric Beynel : "Ce n'est pas en traversant la rue qu’on peut avoir un autre emploi, il faut une vraie solution industrielle , travailler sur le reclassement individuel ou collectif. On traverse une véritable crise sociale, ce ne sont pas les cellules psychologiques qui vont résoudre le problème.

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