

Est-ce que les luttes antiracistes que l'on connaît depuis plus de 30 ans, et celles qui émergent aujourd'hui, pourront un jour trouver un dénominateur commun pour unir leur parole et leur lutte? Faut-il au contraire repenser l'antiracisme ?
- Françoise Dumont Vice-présidente de la Ligue des droits de l'Homme (LDH)
- Augustin Grosdoy Membre de la Présidence collégiale du Mrap
- Julien Talpin Sociologue, chargé de recherche CNRS, directeur adjoint du CERAPS (Lille 2)
- Sihame Assbague Militante antiraciste, et féministe
"Dans notre société, on ne devient pas blanc, on naît de cette "couleur" avec tous les privilèges qui y sont attachés.
Cette blanchitude n'est ni raciale, ni génétique. Bien qu'immigré parce que né à l'étranger de parents non français, je n'ai, au cours de mes cinquante et quelques années de vie en France, jamais subi un contrôle au faciès, jamais été fouillé au corps, jamais été insulté par un policier." Ces mots, ce sont ceux du journaliste Alain Gresh, auteur ici d'une tribune publiée dans le Monde le 13 novembre dernier, et intitulée " La lutte antiraciste n'est pas un privilège blanc."
Mais remontons encore un peu en arrière. C'est en fait, la déclaration de la ministre de la famille, de l'enfance et du droit des femmes qui met le feu au poudre en comparant publiquement les femmes qui portent le voile à ces "Nègres" dit elle, "américains qui étaient pour l'esclavage". Lorsque l'on regarde les trajectoires de ces nouvelles voix, de ces nouvelles personnalités de la lutte antiracistes qui émergent aujourd'hui, c'est cette phrase qui souvent fait office de dénominateur commun. Celui d'une colère et d'une injustice ressentie qu'aucune association n'est venue apaiser ni défendre.
"Comment s'étonner que les jeunes racisés ne fassent pas confiance à ces organisation et soient tentés de s'organiser de manière autonome?" demande encore Alain Gresh, dans cette tribune du Monde. Car en effet, aujourd'hui, cette nouvelle parole antiraciste qui émerge, c'est celle de personnes qui revendiquent une certaine légitimité à en parler et à le défendre mieux, parce qu'elles le subissent, ce racisme. Mais comment faire entendre cette parole aujourd'hui, une parole qui se revendique "racisée", indépendante, décoloniale, tel que ce camp d'été, de formation à l'antiracisme qui commence aujourd'hui ? Est-ce que les luttes antiracistes que l'on connaît depuis plus de 30 ans, et celles qui émergent aujourd'hui pourront un jour trouver un dénominateur commun pour unir leur parole et leur lutte ? Faut-il au contraire repenser l'antiracisme ?
Antiracisme: Touche pas à ma lutte ?
Autour d'Emilie Chaudet :

- Sihame Assbague, militante antiraciste, coorganisatrice du « Camp d’été décolonial »
- Julien Talpin, chargé de recherches au CNRS (Centre d’Etudes et de Recherches Administratives Politiques et Sociales/CERAPS)
- Augustin Grosdoy, membre de la Présidence collégiale du Mrap (par téléphone)
- Françoise Dumont, Présidente de la LDH (par téléphone)
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