Faut-il faire dérailler le modèle Deliveroo ?

Des livreurs à vélo de la plateforme de livraison Deliveroo sont rassemblés pour demander une hausse des salaires, le 11 août 2017 sur la place de la République à Paris.
Des livreurs à vélo de la plateforme de livraison Deliveroo sont rassemblés pour demander une hausse des salaires, le 11 août 2017 sur la place de la République à Paris. ©AFP - Jacques Demarthon
Des livreurs à vélo de la plateforme de livraison Deliveroo sont rassemblés pour demander une hausse des salaires, le 11 août 2017 sur la place de la République à Paris. ©AFP - Jacques Demarthon
Des livreurs à vélo de la plateforme de livraison Deliveroo sont rassemblés pour demander une hausse des salaires, le 11 août 2017 sur la place de la République à Paris. ©AFP - Jacques Demarthon
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Le conflit entre les livreurs à vélo et la plateforme de livraison Deliveroo continue. Depuis la mise en place, fin juillet, d’une nouvelle grille tarifaire baissant presque de moitié la rémunération minimum à la course, les livreurs manifestent pour alerter sur la précarisation de leur profession.

Avec
  • Hervé Novelli ancien secrétaire d’État au commerce, à l’artisanat et aux PME, et acteur de la mise en place du statut d'auto-entrepreneur en 2009.
  • Kévin Mention avocat en droit fiscal, droit du travail et droit du dommage corporel et défenseur depuis 2016 de la requalification du statut des livreurs autonomes.
  • Sylvain Boulouque historien et enseignant-chercheur à l'Université de Reims.

« Tout commence dans un open space de 400 m² en plein Marais à Paris - baby-foot, paniers de fruits, canapés, cafétéria. Je suis là pour une réunion d’information pour devenir livreur à vélo chez Frichti, la nouvelle start-up de livraison de repas. Avec moi une vingtaine de mecs de mon âge, entre 20 et 35 ans, dix Noirs, sept Marrons, trois Blancs. De l’autre côté de la vitre les gagnants de la transition numérique nous observent du coin de l’œil, tous un McBook dernier cri à la main »

Dans un texte qui a un peu circulé ces derniers mois et donné lieu à un témoignage dans Les Pieds sur terre sur France Culture par Rémi  Dybowski Douat, Jules Salé raconte son expérience dans une start-up française de livraison. L'ordinateur pour patron, la course effrénée à la livraison, les semaines à 60 euros...

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Si l’on est à peu près tous conscients aujourd’hui des conditions dans lesquels les livreurs répondent aux besoins d'urbains pressés et parfois peu scrupuleux, on sait moins comment imposer des règles aux plateformes qui font travailler, sans être leur employeurs, des auto-entrepreneurs par définition seuls pour se défendre.

On est dans un autre stade de l'économie, quand on parle d'économie numérique ça veut dire qu'on est capable de se faire rencontrer une offre et une demande instantanément. Les économistes néo-classiques en ont rêvé : cela veut dire qu'il faut accompagner le système de plateformes et non le supprimer. - Hervé Novelli

C'est facile pour les plateformes de dire que les livreurs vont gagner plus quand on leur impose une nouvelle grille que les livreurs sont obligés d'accepter. Par ailleurs, si une organisation est souhaitable, il y a une énorme contradiction : on dit qu'il s'agit d'indépendants, s'ils se regroupent ils ne sont plus en concurrence. - Kevin Mention

Depuis les Trente Glorieuses, il y a eu très peu de baisse de salaires, exceptés ces dernières années en raison de la crise. Au XIXeme siècle, le travail à la pièce était rémunéré de manière fixe, mais il y avait vraiment une volonté de la part des acteurs sociaux d'empêcher cette forme de travail car il y avait un risque d'individualisation des salaires. - Sylvain Boulouque

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