Budget 2008 suite: la Culture

Budget 2008 suite: la Culture
Publicité
Avec
  • Michel Orier Directeur de la Musique à Radio France
  • Jean de Saint Guilhem Directeur de la musique, de la danse, du théâtre et du spectacle au Minstère de la Culture.
  • Catherine Trautmann
  • Arnaud Meunier Metteur en scène et directeur de la Comédie de St Etienne (CDN)
  • Maryvonne de Saint-Pulgent Présidente de section honoraire au Conseil d’Etat, ancienne Directrice du patrimoine au Ministère de la Culture (1993-1997).

Budget 2008, suite. Hier, nous parlions d'un poste budgétaire qui fait manifestement partie des priorités gouvernementales et bénéficiera, à ce titre, d'un sérieux coup de pouce, avec une augmentation de 7,8 % - la recherche et l'enseignement supérieur. Aujourd'hui, coup de projecteur sur les crédits du ministère de la Culture. Et c'est un peu moins glorieux. D'après la ministre, les crédits de la « Mission Culture » progressent de 3,2 %, atteignant 2 928 000 d'euros. D'autres sources chiffrent le budget de la rue de Valois stricto sensu à 2 770 000 euros, mais là n'est pas la question. Voilà en tous cas pour les crédits en volume. Maintenant, comme on sait, tout est dans les arbitrages entre directions. Ce sont ces arbitrages qui permettent de cerner quelles sont les priorités réelles d'un ministre. Quelle sont celles de Christine Albanel ? Mais aussi quelle est sa marge de manoeuvre exacte, sachant à quel point la « lettre de mission » que lui a adressé le président de la République début août est détaillée ? Nicolas Sarkozy, à peine élu, avait en effet pris sa plus belle plume pour indiquer à sa ministre les voies d'une réforme. Une de plus. Celle-ci, comme beaucoup d'autres, partait d'un constat à peu près unanimement accepté par les spécialistes du secteur concerné. Mais comme d'habitude, c'est à partir du moment où on entre dans les détails des remèdes préconisés qu'il y a débat. Ainsi que la politique de démocratisation culturelle ait « globalement échoué », c'est un lieu commun, parfaitement documenté par Marc Bélit, qui fut notre invité, pour son livre, « Le malaise de la culture ». Le « public de la culture » reste très minoritaire dans notre pays, la majorité n'accédant qu'aux productions des industries du loisir. Nul ne nie non plus, depuis le rapport Latarjet, que l'augmentation régulière du nombre de spectacles proposés par nos 1 200 compagnies subventionnées et 70 scènes nationales n'ait pas provoqué d'accroissement symétrique des publics. Un récent article du Monde faisait état d'une baisse de 25 % des spectateurs en moins de dix ans dans nos 5 théâtres nationaux. Idem, du constat dressé par le président Sarkozy, selon lequel le ministère a réagi à cette crise des publics par une accumulation de projets, plutôt que par une action en amont, portant sur la formation du public. C'est ce que Jean-Michel Djian nous a expliqué il y a peu dans le cadre de cette émission. Mais là où s'arrête la litanie des lieux communs et s'ouvre l'espace du débat, c'est lorsqu'il s'agit de mobiliser les deux leviers de la formation des publics - l'éducation culturelle et artistique à l'école, d'une part, et l'offre culturelle proposée par l'audiovisuel public, de l'autre. La mission confiée par les deux ministres, de l'Education nationale et de la Culture, à Eric Gross, est au travail et rendra son rapport le 15 décembre. Mais le sujet est lourd de controverses. Là où il y a débat également, c'est lorsque le président de la République écrit à sa ministre de la Culture : « vous exigerez de chaque structure subventionnée qu'elle rende compte de son action et de la popularité de son intervention, vous leur fixerez des obligations de résultats et vous empêcherez la reconduction automatique des aides et des subventions ». Cela veut-il dire que le montant des subventions sera désormais soumis aux indices de fréquentation ? Si oui, adieu création audacieuse, et bienvenue au théâtre de boulevard... sous subventions. Bref, après avoir encouragé la multiplication de l'offre en se désintéressant du public, le balancier ne va-t-il pas pencher exagérément dans le sens - d'un populisme culturel ?

L'équipe