Comment refonder les partis politiques ?

Lundi 27 octobre 2014

Avec

Rémi Lefebvre professeur de sciences politiques à l'université de Lille 2 et chercheur au Centre d'études et de recherches administratives, politiques et sociales (CERAPS).
Roger Martelli Historien du communisme, co-directeur de la revue Regards et ancien membre de la direction du Parti communiste français
Jonas Haddad Avocat, spécialiste des questions d'entreprenariat pour Les Républicains.

Petit conseil à quiconque envisagerait de débaptiser son parti politique pour le faire renaitre sous un nouveau nom : ne piochez pas au hasard dans le vocabulaire. Commencez justement par rayer de la liste le mot ‘’parti’’, ou encore ‘’front’’. A ces deux termes, préférez ‘’union’’ ou ‘’rassemblement’’, ‘’alliance’’ le cas échéant : c’est en tout cas que nous enseigne un sondage publié hier dans le Journal du dimanche.

Roger Martelli et Jonas Haddad
© Radio France

Plutôt que d’interroger les électeurs, Le Monde a eu une autre idée : s’en remettre à l’informatique. Le journal propose sur son site un générateur automatique de nom de parti politique. Vous êtes à gauche : vous militerez désormais au sein de l’Alliance du mouvement pour demain d’abord. De droite ? Ce sera le Rassemblement gaulliste pour la nation vers l’avenir

Si vos journaux font tous ces efforts d’imagination, c’est que le changement de nom est à la mode. Marine Le Pen y réfléchit depuis quelque temps, souhaitant gommer le ‘’Front’’ de sa formation, obstacle à sa dédiabolisation. Nicolas Sarkozy, lui, veut en finir avec l’UMP, prenant sans doute exemple sur Orange ou LCL, entreprises ayant réussi à se refaire une virginité en abandonnant France Telecom et le Crédit lyonnais. Quant au PS, Manuel Valls ne verrait aucun inconvénient à ce qu’il écarte toute mention au socialisme : le premier ministre propose dans l’Obs de « bâtir une maison commune » à toutes les «* forces progressistes * » du pays.

Le fait que ces initiatives soient concomitantes n’est sans doute pas le fruit du hasard : la structure ‘parti politique’ est en difficulté, ne sachant plus très bien comment produire des idées ni lesquelles. Dès lors, changer de nom s’apparente à une simple rénovation de façade.