Il n’y avait aucune raison d’imaginer que François Hollande reviendrait ce matin sur sa promesse de rapatrier les troupes combattantes françaises d’Afghanistan d’ici fin 2012. C’est donc sans la moindre surprise que le chef de l’Etat a redit que son calendrier serait respecté.
- Pierre Servent Expert en stratégie militaire et spécialiste des questions de défense
Des propos tenus aux Invalides, à l’occasion de la cérémonie solennelle en hommage aux 4 soldats français tués samedi dernier dans un attentat-suicide. Le retrait débutera, comme prévu, dans les prochaines semaines, a répété François Hollande, il s’achèvera à la fin de l’année et « il n’est pas sans danger. Il se fera donc dans l’ordre et la sécurité, j’y veillerai et je m’y engage ».

L’ordre et la sécurité. On pourrait tout aussi bien parler de désordre et d’insécurité. Désordre dans la mesure où la France aura choisi d’anticiper très largement son retrait d’Afghanistan, initialement prévu pour fin 2014, comme pour l’ensemble de la force internationale. En janvier, Nicolas Sarkozy avait déjà raccourci le délai d’un an. Son successeur a donc choisi d’accélérer encore un peu plus le mouvement, laissant à ses alliés le soin de compenser ce départ anticipé. L’insécurité ensuite. De l’avis d’un certain nombre d’observateurs, cette accélération du calendrier risque d’être interprétée par les insurgés talibans comme une sorte de feu vert. Une façon de rendre plus vulnérable le contingent français, mais aussi et avant tout, les Afghans eux-mêmes. Depuis le début de sa participation à l’opération afghane, la France a perdu 87 de ses soldats, dont 9 depuis le début de l’année. Ils sont encore 3400 sur le terrain, environ 3 % des effectifs de la force internationale. C’est donc peu en termes d’hommes, mais le signal politique, lui est important, même si la France n’est pas le 1er pays à se retirer : le Canada et les Pays-Bas l’avaient fait avant.
Pour autant, « fallait-il précipiter le retrait d’Afghanistan ? »
Et Le contrepoint de Céline Leclère
En 2001, le Pentagone a conclu un contrat dit HNT (Host Nation Trucking), d’un montant global de 2,16 milliards de dollars (soit 16% du PNB afghan) avec huit sociétés de sécurité privées, pour l’acheminement vers la zone des combats d’une part essentielle (70%) des fournitures nécessaires aux troupes américaines en Afghanistan. Georges-Henri Bricet des Vallons est chercheur en science politique et spécialiste des sociétés militaires privées. Il revient sur le scandale qui a éclaté en 2010 quand l’armée américaine a découvert que 10 à 20% de l’argent versé aux prestataires du HNT allait à l’ennemi, et en tout 10% de la manne totale de la reconstruction. Ce scandale du financement indirect de l’insurrection talibane par le biais de « taxes » prélevées sur les bénéfices des sociétés privées de sécurité a conduit le président H. Karzaï à promulguer en août 2010 le "décret 62" qui dissout les sociétés privées de sécurité soupçonnées de reverser à l’insurrection.
son ok céline
2 min
L'équipe
- Production
- Collaboration
- Réalisation
- Production déléguée
- Collaboration