Faut-il noter les journalistes ?

Si les chauffeurs, les livreurs, les restaurateurs et les médecins sont notés, pourquoi pas les journalistes ?
Si les chauffeurs, les livreurs, les restaurateurs et les médecins sont notés, pourquoi pas les journalistes ? ©Maxppp - Alexandre MARCHI
Si les chauffeurs, les livreurs, les restaurateurs et les médecins sont notés, pourquoi pas les journalistes ? ©Maxppp - Alexandre MARCHI
Si les chauffeurs, les livreurs, les restaurateurs et les médecins sont notés, pourquoi pas les journalistes ? ©Maxppp - Alexandre MARCHI
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La défiance des citoyens envers les médias n’a jamais été aussi forte en France. Nombreux sont ceux qui demandent une meilleure régulation de la déontologie des journalistes, par exemple par un conseil de la presse. Serait-ce la bonne voie pour renforcer la crédibilité des journalistes ?

Avec
  • François Ernenwein Rédacteur en chef du journal La Croix.
  • Pierre Ganz journaliste, Vice président de l’Observatoire de la déontologie de l'information
  • Leïla De Comarmond Journaliste sociale pour le quotidien « Les Echos ».

Tout avait pourtant bien commencé. Avec une note de 4.5 sur 5, le site TopJournalistes.com avait fait de moi un des journalistes les mieux notés de la semaine par les internautes. Des lauriers vite fanés : ma moyenne est tombée à 1.73.

Toutes périodes confondues, ce sont Olivier Delamarche de BFM business, Nathalie Renoux de M6 et Philippe Tesson du Figaro qui forment le trio de tête. Eric Zemmour y est également très apprécié, en particulier pour sa maîtrise des sujets et la pertinence de ses analyses.

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S’il ne faut pas prendre trop au sérieux ce genre de site, TopJournalistes.com n’en est pas moins un bon révélateur, à la fois des attentes d’une partie du public qui y trouve un espace pour s’exprimer sur le travail des journalistes, mais aussi des limites d’un tel exercice : il ne suffit pas d’avoir une opinion sur les médias pour que celle-ci soit toujours pertinente.

Faut-il pour autant se priver du retour des lecteurs, des auditeurs ? La réponse est bien entendue négative, et elle l’est d’autant plus que la défiance à l’égard des médias progresse, tous supports confondus. Certaines entreprises de presse, comme Radio France, ont un médiateur qui assure ce lien. Au-delà, une réflexion est en cours en vue de la création d’un Conseil de déontologie des journalistes. Est-ce la bonne voie à suivre ?

"Faut-il noter les journalistes ?"

Extraits de l'émission : 

Pierre Ganz : 

Noter les journalistes, c’est intéressant et absurde. Absurde, car sur quels critères on les noterait ? Mais intéressant, car ainsi on nous lance un appel à la figure : "Descendez de votre tour d’ivoire, venez parler avec nous, entendez nos critiques, prenez les comptes ou dites-nous pourquoi vous ne les prenez pas en compte."

Leila De Comarmond : 

Aux Echos, nous avons des pages idées dans lesquelles nos éditorialistes donnent des points de vue et des pages informations dans lesquelles nous faisons notre travail d’informations de journalistes en donnant les éléments nécessaires au décryptage des événements.

Pierre Ganz : 

On n’a pas toujours le temps et la force dans une rédaction de mettre en priorité la question de la déontologie, la question du dialogue avec le public, car il faut d’abord se battre pour son emploi, se battre pour avoir des piges qui ne soient pas payées au lance-pierre.

Leila De Comarmond :

Les sociétés de journalistes n’existent pas, elles n’ont aucune reconnaissance dans la loi. Alors on fait des associations, on bricole... D'ailleurs, il n’y a pas de protection pour les porte-paroles des sociétés de journalistes, ce qui peut freiner des carrières. Donc comment fait-on pour que les rédactions puissent défendre les valeurs de déontologie et d’indépendance dans un système où ce sont des groupes industriels, qui pour beaucoup, sont propriétaires des journaux ?

Liens :

Les propositions de l’Observatoire de la Déontologie de l'Information pour un conseil de la presse

Le rapport annuel 2018 de l’Observatoire de la Déontologie de l'Information : " Pour une information libre et responsable"

Le rapport de la mission Sirinelli de 2014 sur la création éventuelle d'un conseil de la presse et l'autorégulation des journalistes

Articles : 

En France, un projet controversé, par Anthony Bellanger, Le Monde Diplomatique, décembre 2018.

Conseil de déontologie de la presse : pourquoi il s’agit d’une fausse bonne idée, Entretien avec Jean-Marie Charon, Atlantico, 11 octobre 2018.

En partenariat avec La Croix et co-présenté par Guillaume Goubert.

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