

La dette mondiale explose depuis la crise financière de 2008. Dans les pays riches, elle approche voire dépasse les 100% du PIB. Certains s’en alarment, mais d’autres relativisent l'importance des déficits dans un contexte de faibles taux d'intérêt. Le désendettement fait-il encore sens ?
- Patrice Baubeau Professeur en histoire économique à l’université Paris-Ouest Nanterre rattaché à l’IDHES
- Mathieu Plane Economiste, directeur adjoint du département analyse et prévision de l'OFCE
- François Meunier économiste, professeur associé de finance à l'ENSAE ParisTech
C’est LE débat économique du moment, le débat économique des années qui viennent, aussi, selon plusieurs économistes : comment gérer la dette publique ?…
Cette question, c’est le thème d’une grande réunion, aujourd’hui et demain à Paris : un forum mondial organisé par l’OCDE. C’est aussi et surtout un sujet qui ne cesse de revenir dans l’actualité en France, dès qu’on parle d’une mesure prise ou évoquée par l’exécutif. On l’a encore vu la semaine dernière, avec ce que devait annoncer Emmanuel Macron : « est-ce que tout cela ne va pas creuser la dette ? » se demandait-on.
La dette, qui revient aussi désormais dans le débat de chaque campagne électorale – particulièrement depuis 2008 et la crise financière, depuis qu’elle a nettement augmenté pour atteindre près de 100% du PIB.
A l’étranger, aussi, c’est un sujet de débat – parfois vif, et même violent. On l’a vu en Grèce, ces dernières années, en Italie aujourd’hui… Aux Etats-Unis, aussi, où l’endettement public a considérablement augmenté ces derniers mois.
De plus en plus de dette, donc. Faut-il s’en inquiéter ? Là, les avis divergent. La dette est perçue comme un fardeau dont il faut se délester pour des raisons économiques et même morales – en allemand, dette se dit Schuld – qui signifie aussi faute et culpabilité.
Mais la dette est aussi vue comme un atout – nécessaire à l’investissement et au développement des sociétés. D’où cette question, faut-il se désendetter à tout prix ?
Vidéos :
Patrice Baubeau :
Aujourd’hui, l’endettement de la France tel qu’il s’est développé depuis schématiquement le début des années 1980 a augmenté sans augmentation parallèle ou comparable du patrimoine public, c’est même l’inverse.
Mathieu Plane :
On est dans une situation paradoxale (…) où une déflation se traduit par des taux d’intérêt bas (…) On est plutôt dans des situations de stagnation séculaire. Et donc si vous êtes durablement dans une situation de charges d’intérêts faibles, le meilleur moyen de relancer l’activité, effectivement, c’est de le faire par la dette publique. Parce que seul l’acteur public est en capacité d’aller s’endetter fortement pour relancer des projets d’infrastructures, d’innovation ou de transition écologique qui peuvent redresser l’économie, et avec une efficacité sociale et écologique à long terme.
Articles :
"L'économie mondiale n'a jamais été aussi endettée", Le Figaro, le 04/01/2019
[abonnés] "La dette, un problème "accessoire"? avec les taux bas, le débat redémarre", La Croix, le 15/04/2019
[abonnés] "Dette publique : pas de quoi paniquer !", Alternatives économiques, le 17/12/2018
Opinions :
"Être obnubilé par la réduction de la dette publique est une erreur", Olivier Blanchard, ancien économiste en chef du FMI pour Le Point, le 20/02/2019
"Si nous ne faisons rien, nous aurons un tsunami financier avant 2020", Georges Ugeux, spécialiste de la finance internationale pour La Tribune, le 13/04/2019
[abonnés] "Résoudre le problème de la dette publique suppose de s’attaquer aux fondements des politiques néolibérales", tribune d'un collectif d'économistes pour Le Monde, le 12/10/2018
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