

Le 10 décembre, la Déclaration universelle des droits de l’Homme fêtera son 70e anniversaire. Une longévité qui n’empêche pas la réflexion. De quel universel parle-t-on ? Prend t-il suffisamment en compte les différentes situations à travers le globe ? Ou est-il trop centré sur l’Occident ?
- Françoise Vergès historienne et politologue
- Wassyla Tamzali essayiste, ancienne avocate à Alger et ancienne directrice des droits des femmes à l'Unesco, membre fondateur du Collectif Maghreb Egalité et directrice du centre d’art contemporain « Les ateliers sauvages »
‘’Un idéal commun à atteindre par tous et par toutes les nations’’ : c’est ainsi que les rédacteurs de la Déclaration universelle des droits de l’homme envisageaient leur projet, au lendemain de la seconde guerre mondiale. Le 10 décembre prochain, les Nations Unies célébreront le 70e anniversaire de ce texte essentiel.
Mais un anniversaire sur fond de doute, de crise de l’universalisme. Au nom du relativisme culturel, du respect des identités, voire de leur défense, des entorses aux valeurs universelles sont désormais tolérées. L’asservissement serait par exemple une question de point de vue.
L’idéal commun s’efface devant la primauté des différences. Il faut dire que la promotion et la réalisation de ces grands principes universels sont à géométrie variable. Ainsi les droits de l’homme ont longtemps exclu les femmes. Et les minorités. Sous couvert de défendre l’émancipation pour tous, l’universalisme ne serait donc qu’un instrument au service de quelques-uns pour asseoir leur domination. Alors faut-il aujourd’hui repenser cette notion ?
"L’universalisme est-il non négociable ?"
Extraits de l'émission :
Françoise Vergès :
Il y a une ré-articulation de ce qu'est la question de la libération des femmes vers des questions plus générales. La libération des femmes, ce n'est pas simplement contre la domination masculine ou ce que l'on a appelé l'égalité de genre. Si les femmes sont dans cette situation, c'est à cause, aussi, de plusieurs autres structures, dont la structure raciste. Pour moi, racisme et sexisme ne sont jamais très loin l'un de l'autre.
Wassyla Tamzali :
Les avocats de Weinstein l'avaient défendu en disant "Elle est venue huit fois, elle était donc consentante". Là, on était dans une logique patriarcale. Ce qui est intéressant avec #Metoo, dans les changements de perspectives, de point de vue, c'est d'inverser les logiques. Dans une logique féministe, une femme qui retourne huit fois chez son violeur est une femme prisonnière d'un système.
Liens :
Décoloniser les arts : le blog du collectif Décoloniser les arts, hébergé sur Mediapart.
Articles :
Le féminisme français est-il raciste ? : par Véra Lou Derid pour Slate.fr, le 22/07/2015.
[abonnés] Mais qui veut éteindre les Lumières ? : par Ariane Chemin et Vincent Martigny pour Le Monde, le 15/11/2018.
"Décoloniser les arts" : la charte d’un collectif d’artistes de la diversité contre les discriminations dans le spectacle : par Philippe Triay pour France TV Info, le 17/02/2016.
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