Lanceurs d'alerte : une arme géopolitique ?

En 2016, le Groupe de travail de l'ONU sur la détention arbitraire a rendu une décision favorable à Julian Assange, concluant qu’il était victime de détention arbitraire 4 ans après le début de son refuge dans l’ambassade d’Equateur, à Londres
En 2016, le Groupe de travail de l'ONU sur la détention arbitraire a rendu une décision favorable à Julian Assange, concluant qu’il était victime de détention arbitraire 4 ans après le début de son refuge dans l’ambassade d’Equateur, à Londres ©Getty -  Carl Court
En 2016, le Groupe de travail de l'ONU sur la détention arbitraire a rendu une décision favorable à Julian Assange, concluant qu’il était victime de détention arbitraire 4 ans après le début de son refuge dans l’ambassade d’Equateur, à Londres ©Getty - Carl Court
En 2016, le Groupe de travail de l'ONU sur la détention arbitraire a rendu une décision favorable à Julian Assange, concluant qu’il était victime de détention arbitraire 4 ans après le début de son refuge dans l’ambassade d’Equateur, à Londres ©Getty - Carl Court
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Accusé d’espionnage et de collusion avec la Russie, Julian Assange a été arrêté le 11 avril dernier dans l’ambassade équatorienne de Londres. Il risque désormais une extradition vers les Etats-Unis. Un cas qui interroge : quels rôles ont les lanceurs d’alerte dans les relations internationales ?

Avec
  • Florent Parmentier Secrétaire général du CEVIPOF/ Sciences Po, chercheur associé au Centre de géopolitique de HEC.
  • Jean-Philippe Foegle doctorant en droit public, spécialiste de l'encadrement juridique des lanceurs d'alerte, coordinateur de la Maison des lanceurs d’alerte
  • Philippe Vasset Ecrivain, journaliste

L’avocat de Julian Assange va porter plainte. Devinez pourquoi ? Son client est victime… d’une fuite de données. Des milliers de documents qui le concernent auraient été interceptés et divulgués - il s’agit tout à la fois de textes, d’écoutes et de documents vidéo, sur sa vie privée et la préparation de sa défense. L’avocat soupçonne le personnel de l’ambassade d’Equateur à Londres, dont son client a été expulsé le 11 avril dernier.

Certains s’amuseront de l’arroseur arrosé concernant le spécialiste mondial de la fuite de données. D’autres s’en amuseront moins, car on ne sait pas ce qui attend Julian Assange, visé par une demande d’extradition de la part des Etats-Unis: alors que Donald Trump semble avoir tiré parti de Wikileaks pendant la campagne présidentielle, il préfère aujourd’hui s’en laver les mains.

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Julian Assange trouvera peut-être plus de soutien auprès de la Russie, qui a dès son arrestation accusé Londres « d’écraser la liberté »... Quoi qu’il devient difficile de comprendre quels intérêts servent les chevaliers blancs des données, des « papers » des « files » et autres « leaks ». Certains Etats en ont peur, d’autres essaient de les séduire, et en la matière le vent tourne vite...

Alors : les lanceurs d’alerte sont-ils utilisés comme une arme géopolitique ?

Vidéos :

Jean-Philippe Foegel :

Le bâclage de la révélation Snowden, c’est que la vraie réaction des Etats européens, c’est de se dire que puisque les Etats-Unis utilisaient ça, on allait l’utiliser aussi. Dans beaucoup de pays européens, on a mis en place des technologies de surveillance qui sont proches de celles qui étaient utilisées aux Etats-Unis. Donc c’est toujours très difficile de prévoir vers quoi va déboucher une fuite. Le cas Snowden montre qu’il peut y avoir des effets que l’on attend pas du tout.

Florent Parmentier :

Il y a un discours autour de la souveraineté numérique en Russie, c’est une spécificité. A un moment donné, la Russie s’est décidée finalement à avoir un positionnement stratégique. On est passé d’une sorte d’arriération économique du net russe à une forme de capacité à en faire des acteurs souverains, et ensuite à finalement trouver un positionnement qu’on a retrouve à la fois sous forme de manipulation d’information et de soutien de vraies informations.

Philippe Vasset :

Julian Assange est le spécialiste pour être des deux côtés d’un débat. C’est quelqu’un qui se fait l’avocat d’une transparence généralisée, sauf lorsqu’elle le concerne.

Articles :

[abonnés] "Pourquoi l’Equateur a-t-il lâché Julian Assange ?", Le Monde, le 13/04/2019

"Les étranges conversations entre Donald Trump Jr et WikiLeaks", Libération, le 14/11/2017

Opinions :

"La distinction alliés/ennemis n'a pas de pertinence dans le monde du renseignement", Olivier Chopin, spécialiste du renseignement, pour Marianne, le 25/06/2015

" Géopolitique et guerre de l’information", Dominique David, conseiller du président de l’Institut français des relations internationales (Ifri), CLES, note du 19/10/2017

Liens :

"Protection des lanceurs d’alerte: nouvelles règles adoptées à l’échelle de l’UE", communiqué de presse du Parlement européen, le 16/04/2019

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