

Un rapport sur l’opération militaire française au Sahel a été rendu au Sénat. Une pratique rare. Quels outils ont les parlementaires pour contrôler et évaluer la politique de défense ? Sont-ils efficaces ? Quel impact peut avoir ce contrôle sur la politique de défense du gouvernement ?
- Christian Cambon sénateur du Val-de-Marne, Président de la Commission des Affaires Etrangères, de la Défense et des Forces Armées du Sénat
- Jean Joana Professeur de science politique à l'Université Montpellier 1
- Henri Bentégeat général, chef d'état-major des armées (CEMA) de 2002 à 2006
Comme une lettre à la poste. Le Sénat a adopté mardi dernier le projet de loi de programmation militaire pour la période 2019-2025 : 326 voix pour, 15 contre. Fin mars, les députés les avaient précédés en votant la hausse du budget des armées avec le même enthousiasme : 389 voix pour, 37 contre. Scrutins sans surprise : le consensus est généralement de rigueur sur les questions de défense, étant entendu que c’est l’exécutif qui décide, et le parlement qui valide.
L’Assemblée nationale et le Sénat ne sont-ils pour autant que de simples chambres d’enregistrement dans ce domaine ? Le fait est que leurs prérogatives sont limitées, en tout cas a priori. Ainsi les parlementaires peuvent-ils n’être informés que trois jours après le déclenchement d’une intervention militaire. Ainsi n’ont-ils leur mot à dire sur le prolongement de cette intervention que si elle excède une durée de quatre mois.
En matière de défense, l’essentiel du pouvoir du parlement s’exerce a posteriori, dans le contrôle, par exemple, de l’exécution des lois : ce sera le cas pour la nouvelle loi de programmation militaire. Il peut aussi procéder à des missions sur le terrain. Mais celles-ci sont rares. Trop rares sans doute.
"Le parlement a-t-il vraiment son mot à dire sur les questions militaires ?"
Extraits :
Christian Cambon : "Le parlementaire est mêlé à deux niveaux : le niveau politique, c'est à dire l'engagement des troupes françaises, et le niveau pratique, comment agir pour améliorer les conditions de vie."
Henri Bentégeat : "Les missions parlementaires peuvent aussi être risquées pour l'armée. Elles peuvent mettre le nez sur des défaillances graves."
Jean Joana : "La déclaration de guerre par le Parlement était déjà inscrite dans la Constitution de la IIIième et la IVième République. Pourtant, ni en 1918, ni en 1939 le Parlement n'a eu son mot à dire sur l'entrée en guerre contre l'Allemagne"
Liens :
- Qu'est-ce qu'une commission parlementaire ? (Vie publique)
- Budget de la Défense (Ministère des Armées)
- Opérations de l'Armée française (Ministère des Armées)

Les rapports :
- Mission « Barkhane-G5 Sahel » : Compte rendu de la commission des Affaires Etrangères, de la Défense et des Forces Armées au Sénat
- " L'évolution du contrôle parlementaire des forces armées en Europe" : Etude de l'INSERM n°22 - 2012
- " L’avenir de la guerre" : Institut Diderot par Rony Brauman et le Général Henri Bentégeat.
Les réformes :
- " Les principales mesures de la loi de programmation militaire 2019-2025" : Challenges par AFP le 20.03.2018
- " Le Sénat veut étendre le contrôle parlementaire des services secrets" : le Figaro par Jean-Marc Leclerc le 15.05.2018
- Réforme constitutionnelle : «Rien ne renforce vraiment le pouvoir de contrôle du Parlement» : Le Macronomètre de l'IFRAP, Le Figaro le 30.05.2018
Sur le même thème :
- " Armée française : les OPEX ont-elles fait leurs preuves ?" :Du Grain à Moudre par Hervé Gardette le 18/05/2017
- " Si vis pacem, para bellum" : Politique ! par Hervé Gardette le 21/04/2018
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