

Peut-on vraiment annuler l’effet d’une mine avec une imprimante ? Les traces des conflits ne doivent-elles pas, elles aussi, être conservées en devoir de mémoire ?
Nicolas Detry (Architecte, spécialiste en restauration des sites et monuments historiques), Nada Al-Hassan (chef de l'unité Etats arabes au sein du département Patrimoine mondial de l'Unesco.), Jean-Michel Marsaud (Ambassadeur de France en Afghanistan).
C’est une réplique parfaite : avec ses 11 tonnes de marbre et ses 6 m de hauteur, l’Arc de Triomphe inauguré le 19 avril sur Trafalgar Square, à Londres est bien la copie conforme de l’Arc de Palmyre en Syrie détruit par les islamistes l’année dernière. Tout y est, même les marques du temps passé sur les pierres, les imperfections, les motifs floraux abimés et bien sur les pierres manquantes. A un détail près tout de même : sa fabrication. Créé à l’aide de la technologie de l’impression 3D, il n’aura fallu que six heures à l’Institut de l’archéologie numérique d’Oxford pour produire l’ensemble des pièces.
Aurions-nous désormais le pouvoir de faire renaître l’ensemble des monuments et œuvres d’art détruits par la guerre ? La tentation d’y croire est forte devant l’ampleur des pillages en Syrie, en Irak, ou encore au Yemen. Mais peut-on vraiment annuler l’effet d’une mine avec une imprimante ? Les traces des conflits ne doivent-elles pas, elles aussi, être conservées en devoir de mémoire ? Alors, faut-il reconstruire Palmyre ? La question se posait déjà lors de la destruction des Bouddhas de Bamiyan en Afghanistan. 15 ans plus tard les niches qui abritaient les statues sont toujours vides.

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