Les banlieues sont-elles victimes de "discrimination territoriale" ?

France Culture
Publicité
Avec

Depuis "habitat et vie sociale" jusqu'aux "grands projets urbains" et autres "grands projets de ville" en passant par le "développement social urbain" et la "maîtrise d'oeuvre sociale », les pouvoirs publics sont au chevet des quartiers en difficulté depuis un quart de siècle...sans grand succès. La semaine dernière, Gilles Poux que nous recevons ce soir - Gilles Poux, le maire communiste de la Courneuve-, a annoncé son intention de porter plainte, au nom de sa ville, auprès de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'Egalité (Halde) pour «discrimination territoriale». Une façon d'interpeller les pouvoirs publics sur le fait que ses administrés ne sont pas traités comme leurs concitoyens. Il faut dire que le plan « espoir Banlieue », présenté par le gouvernement comme un « plan Marshall», affiche un an après son lancement un bilan bien mince. Les délégués du préfet, chargés de coordonner l'action des services de l'Etat ont du mal à s'installer, les « contrats d'autonomie » qui sont censés remédier au chômage élevé des 18-25 ans ont pris du retard, et, pendant ce temps-là, la crise éloigne encore les habitants des zones périphériques du retour à l'emploi. Seule la rénovation urbaine progresse : 12 milliards ont été engagés dans 500 quartiers. Encore une fois, les opérations de renouvellement urbain constituent donc la principale action visible en direction des quartiers en difficulté. Et là aussi l'engagement de l'Etat n'est pas à la hauteur, à en croire certaines maires de banlieue : l'agence nationale de rénovation urbaine serait sous-dotée, tarderait à payer et les travaux prendraient du retard. Faut-il pour autant parler de « discrimination territoriale » ? Il est vrai que quand, dans le même temps, on annonce la suppression de la taxe professionnelle, le moindre remboursement de la TVA aux villes, la diminution de la dotation générale de fonctionnement, et les multiples transferts de compétences sans moyens supplémentaires...on peut s'interroger sur l'implication réelle du gouvernement dans ces périphéries qui sont devenues des territoires de relégation sociale.

L'équipe