Les politiques de prévention du Sida doivent-elles être repensées ?

Lundi 1 décembre 2014

Avec

Catherine Kapusta-Palmer Coordonnatrice du programme Femmes et sida au sein du Planning Familial, membre du Conseil national du Sida et du collectif inter-associatif Femmes et VIH.
Olivier Jablonski Membre fondateur de Warning, association de lutte contre le VIH et de promotion de la santé LGBT.
Vincent Leclercq Militant au sein de AIDES, association française de lutte contre le VIH.

En cette journée mondiale de lutte contre le Sida, les Nations Unies maintiennent leur objectif : une éradication de l’épidémie d’ici à 2030. Objectif crédible pour autant que les personnes touchées par le virus aient conscience de leur séropositivité, et qu’elles aient en conséquence accès aux traitements. Car c’est une des avancées majeures de ces dernières années : non seulement, on peut vivre presque normalement en étant malade, mais en plus, on protège les autres en se soignant soi-même : les antirétroviraux diminuent de manière considérable les risques de transmission du VIH.

Olivier Jablonski, Vincent Leclerq et Catherine Kapusta-Palmer
© Radio France

À cette constatation, il faut désormais ajouter un autre progrès : ces mêmes médicaments, pris cette fois par des personnes séronégatives, peuvent réduire le risque d’être contaminé. C’est ce qu’a réussi à démontrer l’expérience Ipergay, menée depuis 2012 par l’ANRS, l’Agence nationale de recherche sur le sida. Depuis deux ans, un groupe de 400 volontaires (des homosexuels séronégatifs ayant des relations à risque) participe à l’expérience. Ceux à qui un médicament, le Truvada, a été administré de manière préventive ont vu leur risque d’infection diminuer de 80 %.

De telles annonces sont réjouissantes, mais elles bouleversent la façon que nous avons d’appréhender la prévention depuis 30 ans. Et font peser le risque d’une moindre vigilance à l’égard du virus, et d’une moindre utilisation du principal outil de lutte contre la maladie : le préservatif.