La France est gouvernée depuis Paris. Le constat n’est pas nouveau. Et les différentes tentatives de décentralisation ne semblent pas réussir à renverser la vapeur. Alors comment équilibrer le pouvoir de l’État et celui des collectivités locales?
- Jean-Christophe Boyer Ancien maire de Laval, et ancien conseiller spécial auprès de la ministre de la Décentralisation, de la Fonction publique et de la Réforme de l'État Marylise Lebranchu.
- Laurence Lemouzy Rédactrice en chef de la revue « Pouvoirs Locaux » et directrice scientifique de l'institut de la gouvernance territoriale
- Patrick Braouezec Président de Plaine commune, membre du Parti communiste français
Un seul être vous manque et tout est dépeuplé : voilà bientôt deux semaines que Gérard Collomb a démissionné du ministère de l’Intérieur, et le remaniement que sa décision a provoqué se fait toujours attendre. Il est vrai que le poste à pourvoir n’est pas n’importe lequel. Garant de la sécurité des biens et des personnes, le ministre de l’Intérieur a aussi en charge d’administrer les territoires.
Il veille –selon les textes officiels- ‘’au respect des libertés locales et des compétences des collectivités territoriales dans le cadre de la décentralisation’’. De ce point de vue, Gérard Collomb a fait preuve d’un certain zèle puisque c’est pour partir à la conquête de la métropole de Lyon (une création récente des lois de décentralisation) qu’il a choisi de quitter le gouvernement.
Comme si diriger une grande collectivité locale procurait davantage de pouvoir qu’être à la tête d’un grand ministère. C’est pourtant une toute autre musique que font entendre, depuis quelques mois, les présidents de régions, de départements, et l’association des maires de France, qui reprochent au président de la République d’avoir recentralisé le pouvoir. Et donc avoir affaibli les territoires. Il y a quelques jours, Emmanuel Macron leur a répondu en promettant de mettre en œuvre un ‘pacte girondin’, synonyme de décentralisation du pouvoir. Mais la pratique et les institutions ne favorisent-elles pas le contraire ?
‘’Sommes-nous d’indécrottables jacobins ?’’
Extraits de l'émission :
Patrick Braouezec : "Il y a beaucoup de défiances, aujourd'hui, de la part des associations d'élus et des élus eux mêmes, qui, au demeurant,sont en première ligne pour affronter les demandes et les besoins des populations. Il y a une crise de confiance importante entre l'Etat et les collectivités locales"
Laurence Lemouzy : "Il ne faut pas prendre le risque de créer à nouveau des petites patries. C'est à dire des féodalités ici et là, en recopiant à l'échelle territoriale ce qui se fait à l'échelle nationale. Face à l'urgence, à l'insécurité sociale, et si l'Etat n'est plus capable d'unifier la société française, je crois qu'il est du devoir des collectivités locales de se poser comme des facteurs d'unité. Mais pour ça il faut qu'elles s'émancipent. "
Jean-Christophe Boyer : " L'idée de décentralisation reste une idée résolument moderne. Personne ne peut être contre, personne ne vous dira dans la rue "Moi, je suis centralisateur". En revanche, quand on regarde les premiers actes du président Macron, on tend plutôt à penser qu'il est plutôt centralisateur. On va déléguer un certain nombre de compétences aux collectivités mais on va maîtriser leur dépense. Donc, il y a une tutelle qui va s'exercer."
Liens :
Emmanuel Macron : « L’État ne peut pas réussir seul », article d'Alice Bardo pour Public Sénat, le 04/10/2018.
Décentralisation, des métropoles à la sauce lyonnaise ?, article de Pierre Duquesne pour L'Humanité, le 02/10/2018.
Vers un enterrement de première classe du Grand Paris ?, article de Frédéric Choulet et Nathalie Schuck dans Le Parisien, le 12/10/2018.
L'imaginaire de l'action publique territoriale, la thèse de doctorat de Laurence Lemouzy soutenu le 6 juin 2017.
L'équipe
- Production
- Production déléguée
- Collaboration
- Collaboration
- Réalisation