- Salam Kawakibi Chercheur, directeur du CAREP (Centre arabe de recherches et d’études politiques).
- Jean-Pierre Tuquoi Journaliste
- Didier Billion directeur adjoint de l’IRIS, auteur notamment de « Géopolitique des mondes arabes », ed. Eyrolles.
Y a-t-il urgence à revoir la fameuse « politique-arabe-de-la-France » ? Le choix d’un lien privilégié entre Paris et un certain nombre d’Etats du Proche-Orient et du Maghreb est l’une des constantes de la diplomatie française, puisque l’initiative en revient au général de Gaulle. Dans le contexte de la guerre froide où elle est née, cette politique arabe permettait à la France d’exercer une influence concurrente de celle des Anglo-Saxons. Cette tradition, elle s’est poursuivie jusqu’aujourd’hui, avec l’Union pour la Méditerranée, qui peut s’interpréter comme une tentative française d’exercer, face à l’Allemagne, le leadership de la politique de proximité de l’Union européenne en direction du Sud. De Jacques Berque à Henry Laurens, en passant par Bruno Etienne et Olivier Roy, l’Université française est réputée pour sa connaissance du monde arabe. Mais cette expertise irrigue-t-elle le Quai d’Orsay ? Comment en est-on arrivé à ce que la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, reconnaisse, lundi 17, selon Le Canard Enchaîné, l’impéritie de notre diplomatie. Je cite : « Nous et l’Elysée n’avons rien vu arriver. Ce sont les Américains qui ont pris les choses en main. … Les militaires américains ont parlé avec leurs homologues tunisiens, et Ben Ali a été prié de quitter, sans plus attendre, le territoire. Inutile de préciser que les Américains n’ont pas pris la peine de nous tenir au courant. » Comment en sommes-nous arrivés là ? Notre diplomatie n’a-t-elle pas privilégié excessivement les relations interpersonnelles avec des dirigeants de régimes souvent haïs, au détriment des liens entre les sociétés ? Alors que la « révolution du jasmin » tunisienne inspire les manifestants au Caire, à Alger et jusqu’à Sanaa au Yémen, faut-il accompagner l’exigence de démocratisation des peuples arabes ? Y a-t-il un risque de vouloir aller « plus vite que la musique » et de se couper ainsi de gouvernements encore en place et qui pourraient l’être encore demain ?
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