Eric Villeneuve

Eric Villeneuve
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Alain Veinstein reçoit Eric Villeneuve pour son roman Aventures dans l'île de Juillet (P.O.L)

ESQUISSE D’AUTOPORTRAIT

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Combien d'êtres, sur terre, sont-ils nés en 1959 ? Tous ceux, sans doute, à qui l'époque correspondait, qu'il s'agisse d'y faire bonne figure, un soir – un soir seulement –, telle une étoile filante, ou de manifester au contraire, de jour comme de nuit, une foi tenace en l'existence... Une existence toute prête, en l'occurence, pour les années 60 ! Avec juste un temps d'échauffement préalable, donc.

Né (à Lyon) le 22 mars 1959, je rentre a priori dans ce cadre. Et pourtant je ne me considère pas comme un enfant des * sixties.* Plutôt comme une personne dont la vie s'est enracinée durant cette période, malgré un handicap certain : une difficulté à s'incarner. Les années 60, j'aurais pu les traverser comme une * étoile filante* , en effet... Passer mon tour dès le stade de la couveuse. Me fendre le crâne, six mois plus tard, en tombant d'une table. Ou finir noyé, à l'adolescence, dans une piscine anglaise. Au lieu de quoi un lot complet de carnets et de bulletins atteste d'une scolarité dûment accomplie... Un mémoire de maîtrise (Fragments ultramarins ) et une thèse écrite sous forme de fiction (L'Écrivain morticien ), de mon passage à l'Université... Angkor, Chichen Itza et le Machu Picchu, de ma prédilection pour les voyages lointains, les civilisations disparues... Et trois romans publiés, de ma vocation (présumée) d'écrivain. Voici même que paraît, après * La Lune seule* – après une longue éclipse –, * Aventures dans l'île de Juillet.* Patience. Patience, à nouveau. C'est pour aujourd'hui et pour demain.

Eric Villeneuve
Eric Villeneuve

Juillet ! Six mois déjà que Nathan Larenbroke, un lycéen anglais en rupture de ban, voyage autour du monde... Le livre débute alors que l’adolescent s’apprête à débarquer sur l’île de Pâques (Rapa Nui). Propos spontanés, notes retouchées, confidences épistolaires et pages de journal (intime) lui permettront – à lui qui prend la parole, tout à coup – de rester jusqu’au bout le narrateur des présentes « Aventures », malgré la rudesse inopinée du parcours. Certes, dans un premier temps, Nathan peut se contenter de découvrir les lieux en touriste. Mais un malentendu avec un habitant, et le malaise qui en résulte, provoquent, sur cette terre magnétique, une réaction en chaîne. Les visites guidées s’interrompent. La rencontre tant espérée avec les moai , notamment, est différée il semble qu’avant d’être admis à contempler les statues colossales qui font de Pâques « l’île des îles » – ’île mystérieuse de ses rêves d’enfant –, Nathan doive faire, pour sa part, l’expérience du voyage : celle qui met le voyageur à nu et l’oblige, des jours durant, à s’explorer lui-même... C’est ainsi, oui, chaque séquence, chaque dimension de l’aventure étant prise en compte, que Pâques devient pour Nathan l’expérience de juillet, voire L’île de Juillet.

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