Des sirènes et des hommes avec la Lorelei : "Alcools" d'Apollinaire / La dictée : "Pierre et Jean" de Guy de Maupassant

Guillaume Apollinaire sur son divan à Paris en 1909.
Guillaume Apollinaire sur son divan à Paris en 1909. ©Getty - Mondadori
Guillaume Apollinaire sur son divan à Paris en 1909. ©Getty - Mondadori
Guillaume Apollinaire sur son divan à Paris en 1909. ©Getty - Mondadori
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Cette semaine, En français dans le texte propose l'analyse de la Lorelei, extrait du recueil "Alcools" de Guillaume Apollinaire. Pour la dictée de Rachid Santaki, un extrait de "Pierre et Jean" de Guy de Maupassant et pour terminer, une nouvelle anagramme d'Etienne Klein.

Avec

Tous les samedis, nous vous proposons d’écouter des classiques de littérature, d’histoire ou de philosophie, des grands textes de notre patrimoine littéraire, lus dans la voix de grands comédiens, des œuvres au programme du baccalauréat, analysées avec le savant concours des professeurs de l’éducation nationale.

Aujourd’hui, la Lorelei, extrait du recueil Alcools de Guillaume Apollinaire.

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« Alcools » de Guillaume Apollinaire paraît en 1913. La section des « Rhénanes » y a un statut particulier. Elle succède à un ensemble de treize poèmes consacrés à des figures légendaires ou sacrées et bien souvent ensorceleuses, préludant ainsi aux voix qui résonneront au cœur des « Rhénanes ».

Elle est composée de neuf poèmes, écrits entre septembre 1901 et mai 1902, qui puisent leur matière dans les légendes germaniques. Le Rhin les traverse, ce fleuve dont Apollinaire avait parcouru les rives en compagnie de son amante, Annie Playden. A la mythologie se mêle dès lors le souvenir de l’être aimé et la douleur de la séparation du couple...

On est loin des panoramas parisiens sur lesquels s’ouvre le recueil. Les « Rhénanes » font résonner des voix mystérieuses, reflètent de paysages légendaires, avec cette magie propre au merveilleux. Les poèmes en déplient les charmes, tremblants « comme une flamme », pour reprendre l’image qui ouvre « Nuit Rhénane ». En intitulant cette section « Rhénanes », Apollinaire revendique directement l’héritage romantique allemand avec ses légendes, dont Victor Hugo s’était emparé pour composer Le Rhin en 1842.

Pour « La Loreley », Apollinaire reprend le poème narratif et dialogique du poète allemand Clemens Brentano « La ballade de la Lore Lay ». « La Loreley » est la seule pièce clairement «romantique» d’Alcools : le poème s’affiche comme une réécriture de Clemens Brentano, texte-source lui-même nourri des diverses légendes germaniques qui entourent la « sirène du Rhin ». Ainsi, Apollinaire s’inscrit-il dans un héritage esthétique à plusieurs strates où se superposent récits mythologiques, imaginaire médiéval et poésie romantique. Entremêlant récit et discours, ce poème s’inscrit aux frontières du conte.

En reprenant le personnage de la Lorelei, Apollinaire renouvelle la légende en inscrivant le personnage dans une lignée poétique : celle de ces folles filles d’eau qui de l’« Ondine » d’Aloysius Bertrand à l’« Ophélie » de Rimbaud chantent leurs « peines d’amours perdues ».

Variations autour de la Lorelei, de Clemens Brentano à Gérard de Nerval, de Nerval à Heinrich Heine, de Heine à Guillaume Apollinaire...

L'analyse complète a été réalisée par Pierre Gallois, professeur au Lycée Le Corbusier d’Aubervilliers.

>>> Lien vers la page Eduscol du site du Ministère de l'Education, des Sports et de la Recherche. Vous pourrez y trouver les analyses littéraire et grammaticale complètes.

Textes lus à l'antenne par le comédien Micha Lescot

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Extrait musical

"La route de la liberté" composée par Eric Neveux - extrait de la BOF "Poly" réalisé par Nicolas Vannier, avec François Cluzet, Julie Gayet, Patrick Timsit, Elisa de Lambert.

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L'anagramme d'Etienne Klein

Lionel Terray et Louis Lachenal

Au sortir de la deuxième guerre mondiale, Louis Lachenal et Lionel Terray, deux jeunes alpinistes, forment une jeune cordée qui ne tardera pas à entrer dans la légende. Ces deux « panthères des rochers » déploient une sorte de chorégraphie qui intrique majestueusement leurs adresses respectives au-dessus du vide. 

Ils gravissent l’Aiguille Verte, la face Est du Moine, et bien d’autres sommets du Massif du Mont-Blanc. Le 9 août 1946, ils s’élancent à l’assaut d’un monstre, l’éperon Nord de la pointe Walker des Grandes Jorasses. Plus de mille mètres de dalles, de surplombs, de dièdres, d’obstacles. Une sorte de donjon englacé aujourd’hui strié par les ongles des alpinistes, mais qui, à l’époque, était quasiment vierge.

Les difficultés qu’ils rencontrent sont énormes, mais Louis Lachenal est si à l’aise qu’il donne presque partout l’impression de marcher à quatre pattes dans un univers renversé. Pendant la nuit, un orage terrible stoppe la cordée et recouvre la roche de verglas. Le jour suivant est une épopée. Malgré les rafales, les deux hommes parviennent à atteindre le sommet. La descente est longue et laborieuse, mais ils parviennent à regagner Chamonix sains et saufs. Ce succès soude la cordée, qui accomplira d’autres exploits jusqu’en 1949, notamment la deuxième ascension, neuf ans après la première, de la face Nord de l’Eiger. Lachenal dira alors, une fois redescendu : « La corde qui nous reliait depuis cinquante heures est enlevée. Les nœuds ne veulent pas se laisser défaire, notre cordée est trop solide ». Ces deux gars-là étaient à l’évidence faits pour grimper ensemble, encordés, et non pas seuls.

C’était d’ailleurs écrit dans leurs prénoms : Louis et Lionel = le solo inutile