

Cette semaine, "En français dans le texte" étudie deux chapitres d'"Enfance" de Nathalie Sarraute. Pour sa dictée, Rachid Santaki proposera un extrait de "La Disparition" de Georges Perec.
- Elisabeth Vitali comédienne
En français dans le texte vous propose d’écouter des grands classiques de la littérature française, mais aussi des textes d’histoire ou de philosophie, lus dans la voix de grands comédiens. Des œuvres au programme du baccalauréat, des classes de première ou de terminale, analysées avec le précieux concours des professeurs de l’Éducation nationale.
Aujourd'hui, Enfance de Nathalie Sarraute. Étude de deux chapitres évoquant les premières expériences d’écriture de l’auteure et se lisant l’un en regard de l’autre.
Enfance d’une écriture : du rejet du don à la recherche libératrice du mot juste
Figure du Nouveau roman, Nathalie Sarraute est née Natacha Tcherniak, petite fille entre deux pays, la Russie et la France, entre deux parents divorcés, fait rare à cette époque, en ces années 1900.
D’un côté, une mère intellectuelle et auteure dilettante ; de l’autre, un père chimiste pour qui la valeur travail est essentielle. Deux façons d’être, à l’opposé l’une de l’autre. Natacha y est très tôt confrontée.
On retrouve l’enfant tiraillée dans deux chapitres d’Enfance, livre à l’étude aujourd’hui, publié en 1983. Deux chapitres évoquant les premières expériences d’écriture. Nathalie Sarraute dédouble son sujet : petite, chez la mère écrivaine exposant sa fille au jugement d’un tiers ; plus grande, chez le père, seule face à sa table de travail.
Dans les deux cas, on trouve l’expression d’un même rejet du don d’écriture, mais aussi une attention particulière aux mots, ces mots qui trompent mais qui révèlent aussi, si tant est qu’on les "cherche". Aux confins de l’enfance et de son écriture, Nathalie Sarraute repousse le lieu commun de l’écrivain en herbe et se faisant, propose une forme d’art poétique enfantin, entre "soupçon" et la quête poétique du mot juste.
Ces deux souvenirs d’enfance, tropisme fondateur, nous permettent de mieux comprendre certains aspects de l’écriture sarrautienne.
Du côté du père attentif aux progrès scolaires de sa fille, loin des ambitions artistiques de la mère, s’est joué tout le rapport artisanal à l’écriture de l’écrivaine. Elle lira d’ailleurs sa copie à son père, moment qu’elle relate ainsi : "Pas une seconde entre nous il ne s’agit d’une appréciation d’un autre ordre que celle qu’il ferait sur n’importe lequel de mes devoirs. Jamais n’est même de loin suggérée, jamais ne vient nous frôler l’idée de "don d’écrivain"... rien n’est aussi éloigné…".
Nathalie Sarraute donne à lire une vocation en devenir. Celle d’une élève consciencieuse heureuse de jouer avec les mots, avec les attentes du lecteur. L’autobiographie nous l’apprend : c’est à la faveur de l’humilité paternelle et d’une sensibilité portée aux mots que Natacha a pu devenir l’écrivain du "soupçon" alors même qu’elle l’écrit, enfant, "L’idée ne me vient jamais de devenir un écrivain".
Analyse préparée par Anne-Paule Paes, professeure de Lettres au lycée Henri Wallon d’Aubervilliers.
>>> Lien vers la page Eduscol du site du Ministère de l'Éducation, des Sports et de la Recherche. Vous pourrez y trouver les analyses littéraire et grammaticale complètes.
Pour aller plus loin
Élisabeth Vitali est une actrice française de théâtre et de cinéma. On a pu la voir notamment dans L'Étudiante de Claude Pinoteau, dans Je préfère qu'on reste amis... d'Eric Toledano et Olivier Nakache, et plus récemment en Baronne dans La Belle Époque de Nicolas Bedos.
Extrait musical
Vingt ans après son prodigieux "Zappe Zappa", Pierre-Jean Gaucher, le guitariste français converse là avec le gymnopédiste des Gnossiennes, Erik Satie.
On attendait ce retour à l’écriture de Pierre-Jean Gaucher, figure marquante du jazz français, qui, avec brio et non sans humour, se réapproprie la musique de l’iconoclaste Erik Satie, entouré de jeunes musiciens éloquents et très actifs sur la scène hexagonale. Voici "Zappe Satie", une sorte de kaléidoscope de l’œuvre du compositeur, tout aussi décalé de son temps que l’était Frank Zappa, album sorti le 5 mars 2021.
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