Les Essais de Montaigne "Le roi, le cannibale et le philosophe" : une leçon politique ? / La dictée : "Quatrevingt-treize" de Victor Hugo

Statue de Michel de Montaigne à Bordeaux.
Statue de Michel de Montaigne à Bordeaux. ©Maxppp - © PHOTOPQR /SUD OUEST
Statue de Michel de Montaigne à Bordeaux. ©Maxppp - © PHOTOPQR /SUD OUEST
Statue de Michel de Montaigne à Bordeaux. ©Maxppp - © PHOTOPQR /SUD OUEST
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Cette semaine, "En français dans le texte" analyse un extrait des Essais de Montaigne, "Le roi, le cannibale et le philosophe". Rachid Santaki nous proposera un extrait de "Quatrevingt-treize" de Victor Hugo, et, en fin d'émission, une nouvelle anagramme d'Etienne Klein.

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En français dans le texte se propose de vous faire écouter les plus belles pages de la littérature française, écoutez et révisez, pour les moins de 18 ans. France Culture a choisi de faire vivre et revivre les grands textes de notre patrimoine littéraire, mais aussi parfois philosophique et historique, interprétés par de grands comédiens, et analysés de manière experte, en partenariat avec le ministère de l’éducation nationale.

Aujourd'hui, une œuvre majeure de Montaigne, publiée en 1588, Les Essais, qui désarçonnent de prime abord par un ton particulier et un mélange des genres, entre pensées pleines de malice, réflexions morales et philosophiques et anecdotes personnelles.

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Ainsi, dans Les Essais, Montaigne nous informe autant sur l’attitude souhaitable face à la mort, que sur la découverte du Nouveau Monde ou encore sur son propre mal de mer.

Mais Montaigne s’aventure aussi par exemple dans le livre « Des coches », dans un développement sur les « trois sortes de vents » que produit notre corps : « L’un, qui sort d’en bas, est fort mal propre ; un autre, qui sort par la bouche, accuse que nous avons trop mangé ; le troisième est l’éternuement, il vient du cerveau et ne prête à aucune critique, d’où l’accueil honnête que nous lui faisons ». Voilà, oui, c’est du Montaigne, dans le texte !

Tout au long des Essais, Montaigne prend plaisir à ménager des surprises à son lecteur, son complice. En s’adressant directement à lui, il lui dit par exemple : « Ne vous moquez pas de cette explication ; si subtile qu’elle vous paraisse, elle est, dit-on, d’Aristote ». L’auteur requiert néanmoins l’attention de son lecteur qui est invité à le suivre dans le vagabondage de son esprit… Sa pensée progresse de manière libre et sautillante : une « allure poétique, à sauts et à gambades ».

Le livre « Des coches » est révélateur du style Montaigne. Il contient la fameuse phrase « Notre monde vient d’en trouver un autre », témoignage de son intérêt pour la découverte du Nouveau Monde en ce qu’elle a modifié le rapport des Européens aux autres et à eux-mêmes. Comment passe-t-on alors de simples « coches », ces voitures tirées par des chevaux et servant au transport des voyageurs, à une telle méditation ?

Montaigne embarque le lecteur à bord de son « coche » et l'entraîne dans les chemins sinueux de sa pensée. Il entame son parcours dans l’Antiquité, où il passe en revue « les chars employés à la guerre », avant de condamner les « inventions étranges » dont les monarques sont capables en la matière. Des coches conduits par des tigres, par des autruches et même par des femmes nues… Décidément, l’imagination des puissants est sans limite quand ils cherchent à se « faire valoir » et « à paraître par des dépenses excessives ! », nous dit Montaigne.

Et l’essayiste de proposer une leçon sur ce que devrait être un bon roi. C’est le propos d’un philosophe ou d’un moraliste qui, considérant l’exercice du pouvoir en Europe, observe et condamne. Les exemples puisés dans l’Antiquité alternent avec des maximes sur le pouvoir, sa nature et ses déviances.

Dans le livre « Des cannibales », Montaigne réfléchit à la rencontre entre l’homme du Nouveau Monde et l’Européen. Dès le début de ce livre au titre provocateur, il nous met en garde : « il faut se garder de s’attacher aux opinions vulgaires, et les faut juger par la voie de la raison, non par la voix commune ».

Premier extrait lu par le comédien Emmanuel Lemire

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L'analyse de ce texte a été préparée par Noémie Auzas, agrégée de lettres modernes, professeure au lycée Marie Curie, Echirolles (Isère).

>>> Lien vers la page Eduscol du site du Ministère de l'Education, des Sports et de la Recherche. Vous pourrez y trouver les analyses littéraire et grammaticale complètes.

Extrait "bonus" lu par le comédien Emmanuel Lemire (non analysé)

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Extrait musical

Morceau : « Borsalino swing » par Claude Bolling - Album : Borsalino & Co (2012).

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Le grand pianiste de jazz, compositeur, chef d'orchestre, Claude Bolling, est décédé le 29 décembre 2020, à l'âge de 90 ans. Disciple de Duke Ellington, référence du jazz swing, surnommé « Bollington », par Boris Vian, ces deux-là s’étaient côtoyés dans les clubs de la capitale.

Il avait composé ou orchestré pour les plus grands, de Juliette Greco à Henri Salvador, et pour de nombreux films, comme la musique du Magnifique avec Jean-Paul Belmondo ou encore celle de Borsalino avec Alain Delon.

L'anagramme d'Etienne Klein

Le physicien danois Niels Bohr

Le physicien danois Niels Bohr, né en 1885 et mort en 1962, fut l’un des piliers de la nouvelle physique se développa dans les années 1920 : la fameuse physique quantique, aux équations absconses et dont l’interprétation semble mystérieuse.  

Niels Bohr était un penseur « complet », qui ne se contentait pas de jeter sur la physique quantique un regard de physicien : il l’interrogeait également en philosophe, l’envisageant comme une invitation à adopter une nouvelle théorie de la connaissance. Il considérait en effet que, prise au sérieux, elle obligerait à bouleverser les doctrines rendant compte de notre rapport avec ce que nous appelons, par commodité, « la réalité ».  

Cela le conduisit à s’opposer à Einstein à propos de l’interprétation qu’il convient de faire de la physique quantique. Leur débat démarra vraiment en 1927, à Bruxelles, lors du Conseil Solvay. Einstein tenta là de trouver des contradictions dans les principes de la physique quantique, mais chaque fois, Niels Bohr parvint à contrer ses arguments. Quelques années plus tard, la discussion reprit, cette fois à coup d’articles, ceux de Bohr étant toujours plus confus et plus difficiles à lire que ceux d’Einstein. 

Une équation de Niels Bohr, dans le souci d’être fidèle à son anagramme, relevait systématiquement d’une rhétorique insondable…