"Les Fleurs du mal" de Charles Baudelaire / La dictée : "Le Comte de Monte-Cristo" d'Alexandre Dumas

Les Fleurs du Mal, dédicace de Baudelaire à son ami Théophile Gautier /Charles Baudelaire (détail du tableau « Le studio du peintre » (1854-1855) de Gustave Courbet (Musée d'Orsay).
Les Fleurs du Mal, dédicace de Baudelaire à son ami Théophile Gautier /Charles Baudelaire (détail du tableau « Le studio du peintre » (1854-1855) de Gustave Courbet (Musée d'Orsay). ©Getty - DeAgostini / DeAgostini
Les Fleurs du Mal, dédicace de Baudelaire à son ami Théophile Gautier /Charles Baudelaire (détail du tableau « Le studio du peintre » (1854-1855) de Gustave Courbet (Musée d'Orsay). ©Getty - DeAgostini / DeAgostini
Les Fleurs du Mal, dédicace de Baudelaire à son ami Théophile Gautier /Charles Baudelaire (détail du tableau « Le studio du peintre » (1854-1855) de Gustave Courbet (Musée d'Orsay). ©Getty - DeAgostini / DeAgostini
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Aujourd'hui, "En français dans le texte" propose d'étudier un extrait des "Fleurs du mal" de Charles Baudelaire, lu par Denis Podalydès. Rachid Santaki a choisi un extrait du "Comte de Monte-Cristo" d'Alexandre Dumas pour sa dictée. En fin d'émission, une nouvelle anagramme d'Etienne Klein.

Avec
  • Etienne Klein Physicien, producteur de l'émission "Le pourquoi du comment ?" sur France Culture
  • Denis Podalydès Acteur, metteur en scène, scénariste et écrivain français, sociétaire de la Comédie-Française

Parce que nous avons pris tant de plaisir à faire résonner, lors du premier confinement, les plus belles pages de la littérature française, désormais, chaque samedi, nous faisons vivre et revivre les grands textes de notre patrimoine littéraire, mais aussi parfois philosophique et historique, lues par de grands comédiens, et analysées de manière experte, en partenariat avec le ministère de l’éducation nationale.

Aujourd’hui, un extrait du recueil Les Fleurs du mal de Charles Baudelaire avec la lecture de trois poèmes (« Une charogne», « Remords posthume», et « Allégorie»), puis la lecture et l'analyse du poème « Petites vieilles».

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Chanté par Gainsbourg, Serge Reggiani, Léo Ferré, Jean-Louis Murat et bien d’autres, Baudelaire est un poète qu’on aime s’approprier, interpréter voire revendiquer !

Même s'il appartient à tous, aimer Baudelaire c’est comme entrer dans un cercle d’initiés. De ceux qui ont quelque chose à partager avec ce poète si singulier, sa détermination, son absence de sérénité, les douleurs qui l’emportent.  

Mais Baudelaire, c’est aussi le poète à la reconnaissance tardive. D’abord jugé décadent et poursuivi pour offense à la morale publique et morale religieuse. Alors que Baudelaire dédie son recueil à Théophile Gautier en lui donnant le titre de « poète impeccable », celui-ci commente ainsi Les Fleurs du mal : « les aveux de la passion vieillissante qui se déprave et les hallucinations bizarres de l'idée fixe tournant à la folie ».

Peu à peu, le regard sur son œuvre a changé. Ses vers ont infusé. Et Baudelaire devient d’abord le représentant de la Bohème, puis un poète symboliste, par le recours sensible aux images, puis un poète classique - on le compare alors à Racine. Mais un « étrange classique des choses qui ne sont pas classiques », selon la belle et si juste formule d’un de ses éditeurs.  

Baudelaire deviendra canonique au moment où son œuvre entre dans le domaine public, cinquante ans après sa mort. De nombreuses éditions voient le jour et André Gide propose une préface de son œuvre où il fait l’éloge de « cette harmonie des contours et des sons ». C’est alors que Baudelaire fait son entrée dans les programmes scolaires, école où il est depuis lu, étudié, récité. 

Baudelaire, difficile à classer

Héritier des Romantiques, vingt ans le séparent de Victor Hugo, dix de Théophile Gautier, il a recours comme eux aux motifs lyriques, passionnés, et profondément mélancoliques.

En 1859, dans une lettre à Hugo, il lui marque sa déférence, son admiration. Il dit : « J’ai besoin de vous. J’ai besoin d’une voix plus haute que la mienne, de votre voix dictatoriale. Je veux être protégé. Une critique de vous, n’est-ce pas encore une caresse, puisque c’est un honneur ? ».

Mais Charles Baudelaire va aussi influencer considérablement les mouvements poétiques qui lui succéderont, rappelle le poète Michel Butor, disparu en 2016. Il serait le mètre-étalon de la poésie française : « il est en quelque sorte le pivot autour duquel la poésie tourne pour devenir moderne ». Sans rien revendiquer, il a créé un style, qui façonnera la modernité. 

Baudelaire vit avec son temps tout en le regardant sans indulgence. À l’en croire, si le progrès fait passer le temps plus vite, il nous rapproche de notre mort et cette angoisse est palpable dans son œuvre. Il écrit ainsi : « Je suis condamné à vivre » ou encore « Et le Temps m’engloutit minute par minute » (« Le goût du néant », « Spleen et Idéal »).   

Jean-Paul Sartre dit de lui qu’il « est un révolté, non un révolutionnaire ». Cette dualité, qui crée chez ses lecteurs l’assentiment ou la défiance, frappe effectivement dans l’œuvre du poète.

Baudelaire n’est pas politique, il ne revendique rien, ne poursuit aucun but didactique. C’est un homme lucide qui nous donne à voir le monde avec sa sensibilité, avec une curiosité, un pessimisme latent qui reçoit la lumière comme une grâce inattendue, il regarde et se laisse saisir. Désarticulé, parfois fracturé, son langage résonne comme une voix familière.

Son inquiétude nous inquiète, sa liberté aussi. Ses provocations nous étonnent ou nous enchantent. Baudelaire est un dandy : un citadin, un Parisien, qui fustige le progrès, les habitudes mondaines, habillé de noir, comme en deuil perpétuel d’une vie manquée et de ses frustrations. Misanthrope fasciné par la foule des hommes à laquelle il ne peut appartenir. C’est en cela que Baudelaire provoque, tout en restant le poète de la jeunesse, de ses tumultes et de ses aspirations.  

Les Fleurs du mal

Le recueil Les Fleurs du mal connaît deux éditions. La première est publiée en 1857, censurée par un procès puis rééditée et enrichie en 1861, dans une seconde édition.

Nous nous intéresserons ici aux jeux de contraste à partir de textes de ce recueil, qui nous paraissent illustrer non seulement son titre mais aussi les affrontements intimes du poète. Tout ce qui l’agite se rencontre et se cogne ici : la morale chrétienne, son goût pour la beauté, le mal et ses remèdes.

Dès lors, le poète s’interroge ; comment extraire la beauté du mal ? Comment guérir le mal si ce n’est par la beauté ?

Poèmes lus par le comédien Denis Podalydès de la Comédie-Française

Denis Podalydès a mis en scène la pièce de théâtre Les Fourberies de Scapin de Molière, diffusée vendredi 27 novembre 2020 sur France 5, dans le cadre de « Au spectacle chez soi », dont France Culture est partenaire.

  • 1er poème : « Une charogne »

Sans doute un des poèmes les plus provocants des Fleurs du mal. Il renverse l’idéalisation et la célébration traditionnelle de la femme en créant l’effroi devant la réalité du cadavre en décomposition, d’autant plus effrayant qu’il surgit dans un cadre bucolique et idyllique.

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  • 2e poème : « Remords posthume »

Dans ce poème dédié à Jeanne Duval, Baudelaire veut aller au bout du face à face poétique avec la mort, tout sauf une réalité abstraite, matérialisée ici par le tombeau et ses horreurs.

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  • 3e poème : « Allégorie »

Ici, sous la plume de Baudelaire, une fille de petite vertu se laisse aller à l’ivresse en prélude aux amours frivoles. Son portait suffit à dire l’envers d’une époque dominée par la morale victorienne. La fascination baudelairienne pour l’obscène subvertit les valeurs de la morale publique.

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  • 4e poème : « Petites vieilles » (lu et analysé)

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L'analyse complète a été réalisée par Laure Soudyet, professeure de lettres classiques.

>>> Lien vers la page Eduscol du site du Ministère de l'Education, des Sports et de la Recherche. Vous pourrez y trouver les analyses littéraire et grammaticale complètes.

Extrait musical

À l'occasion du centenaire de la naissance du grand pianiste et compositeur américain de jazz David Warren Brubeck, le plus célèbre album de Dave Brubeck accompagné de son quartet ressort : "Time Out", avec des versions inédites de ses plus grands morceaux, comme ce "Take Five", ou son magnifique "Blue Rondo". À retrouver dans les bacs le 4 décembre 2020.

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L'anagramme d'Etienne Klein

Les ravages de l’amour 

Les meilleures anagrammes sont si fascinantes qu’elles nous transforment à notre insu en kabbalistes. Par exemple, on peut s’étonner ou s’émerveiller de ce que la vitesse de la lumière soit l’anagramme de limite les rêves au-delà : tout se passe comme si l’une des implications de la théorie de la relativité d’Einstein, à savoir qu’une particule ne peut se déplacer plus vite que la lumière dans le vide, se trouvait là magiquement concentrée.  

Mais parfois, l’anagramme vient contredire le mot ou l’expression de départ. Par exemple, il est piquant qu’une anagramme de l’accélérateur de particules soit éclipsera l’éclat du Créateur, alors même que d’aucuns ont prétendu que le boson de Higgs, découvert en 2012 justement grâce à un accélérateur de particules, serait la « particule de Dieu »... 

Je vais vous donner deux autres exemples, qui m’ont été signalés par le génial Olivier Garcia. 

Vous avez noté comme moi qu’on débat ardemment en ce moment à propos de la 5G. On se demande si avec elle, nous vivrons plus ensemble ou moins ensemble. Si nous serons encore plus atomisés ou si nous ferons davantage société. On s’interroge également sur ses possibles effets sur notre intimité ou sur notre vie privée. Comme s’il fallait choisir entre la protection de la vie privée et son anagramme, qui est aussi son contraire : vivre épié. 

Ultime exemple de contradiction apparente entre une expression et son anagramme : Les ravages de l’amour = la saveur de l’orgasme.