Nathalie Sarraute, hors les mots, extrait d'"Enfance" / La dictée : "Mme Bovary" de Gustave Flaubert

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. ©Getty - © Christine Jerian / EyeEm
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Cette semaine, "En français dans le texte" propose l'analyse d'un extrait de l'autobiographie de Nathalie Sarraute "Enfance" et pour la dictée de Rachid Santaki, un extrait de "Madame Bovary" de Gustave Flaubert. En conclusion, une nouvelle anagramme d'Etienne Klein.

Avec

Nathalie Sarraute a 83 ans quand elle publie Enfance. Elle a déjà derrière elle une œuvre romanesque et théâtrale importante. 

Au tournant du XXe siècle, elle a contribué à théoriser le Nouveau Roman, ce mouvement littéraire qui déconstruit et renouvelle les conventions du genre romanesque. En 1956, dans un essai célèbre, elle a fait entrer la littérature dans « l’ère du soupçon » : le personnage, l’intrigue, la narration, tout ce qui constituait le roman, ne sont plus dignes de foi. On ment quand on réduit un être à un caractère, quand on l’enferme dans un récit linéaire. 

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L’écriture doit capter les manifestations plurielles de la subjectivité. 

Cette règle nouvelle, elle se l’applique : depuis sa première publication en 1939, depuis ces « Tropismes » qui définissent ce vers quoi son œuvre doit tendre : raconter « ces mouvements indéfinissables, qui glissent très rapidement aux limites de notre conscience (…) et qui constituent la source secrète de notre existence ». (Nathalie Sarraute, L’Ère du soupçon, Préface, Gallimard, 2019).

Une exigence de vérité que l’on retrouve dans le livre dont vous allez entendre des extraits : « Enfance » qui fait le récit de ce premier âge de la vie. Et Nathalie Sarraute fait peser sur ce projet autobiographique le même « soupçon » qu’elle a fait peser sur le roman.  

Comment peut-on écrire sur soi sans se trahir ? En refusant, comme elle l’a toujours fait, de produire un texte qui pourrait ressembler à celui de ses prédécesseurs. En acceptant le caractère lacunaire et fragmentaire de la mémoire. En inventant une forme nouvelle. À l’opposé des Confessions de Rousseau, modèle du genre, Nathalie Sarraute refuse de s’immerger dans son moi et de s’y complaire. Pour y parvenir, elle fait le choix de se dédoubler. Elle n’écrit pas un récit de soi sous forme de monologue intérieur, mais un dialogue, à deux voix. Un dialogue entre soi et un double de soi, plus avisé, plus critique, quitte à déstabiliser d’entrée de jeu le lecteur… 

Lecture d'un extrait d'Enfance par la comédienne Charlotte Rampling, elle-même auteure d’un récit de jeunesse intitulé « Qui je suis » (Grasset, 2015 - réédition en format poche, collection J'ai lu (2017).

Textes des extraits lus à l'antenne par Charlotte Rampling

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Analyse préparée par Anne Delaplace.

>>> Lien vers la page Eduscol du site du Ministère de l'Education, des Sports et de la Recherche. Vous pourrez y trouver les analyses littéraire et grammaticale complètes.

Extrait musical

"N'attendons pas" par Vianney - album : "N'attendons pas" (single) - sortie : 30 octobre 2020 - Label : Tôt ou tard.

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L'anagramme d'Etienne Klein

Marie Curie et Albert Einstein

En octobre 1911 eut lieu à l’hôtel Métropole de Bruxelles le premier Conseil Solvay réunissant vingt-cinq savants, des physiciens de tout premier plan. Il y avait là Albert Einstein, Max Planck, Hendrik Lorentz, Jean Perrin, Ernest Rutherford, Paul Langevin, Henri Poincaré… Vingt-quatre hommes, qui avaient ou allaient recevoir le prix Nobel, et une femme, une seule, Marie Curie. Corécipiendaire du prix Nobel de physique en 1903, elle apprendrait, le mois suivant, que le prix Nobel de chimie 1911 lui était aussi attribué. 

Durant ce colloque, Marie Curie noua des liens d’amitié avec Albert Einstein, qui admirait sa vivacité et son intelligence. De retour en France, elle fut violemment attaquée par une partie de la presse pour sa liaison présumée avec Paul Langevin, qui était séparé de son épouse. Le 23 novembre, Einstein lui écrivit de Prague : « Si cette racaille s’occupe encore de vous, cessez simplement de lire ces sottises. Laissez-les aux vipères pour qui elles ont été fabriquées ». 

Deux ans plus tard, en août 1913, Einstein fit une randonnée autour du lac de Côme avec Marie Curie et d’autres amis. Leur conversation l’absorbait à tel point qu’il longeait des crevasses impressionnantes et escaladait des rochers sans même s’en apercevoir. Tout à coup, le futur père de la relativité générale agrippa le bras de Marie Curie et lui lança : “Vous comprenez, Marie, j’ai besoin de savoir ce qui se passe dans un ascenseur quand il tombe dans le vide ! »

D’aucuns crurent bon d’imaginer que la relation entre la physicienne et le physicien fut non seulement amicale, mais aussi physique. Rien pourtant ne le laisse penser, du moins si l’on en croit l’anagramme d’Albert Einstein qui est « Rien n’est établi ». Mais il est vrai que si l’on considère maintenant « Marie Curie et Albert Einstein », on obtient cette troublante anagramme qui a été trouvée par Olivier Garcia, un jeune homme incroyablement doué : « C’est une rare amitié libertine ». Mais ils ne formaient de toute façon pas un couple, car comme le dit une autre anagramme, trouvée elle aussi par Oliver Garcia, ils étaient « célibataires intérieurement ».