2008 ou le piège de l’austérité : épisode 3/3 du podcast Les lendemains de crise

Le 15 septembre 2008, la faillite de la grande banque d'affaires américaine Lehman Brothers provoque une panique sur les marchés financiers.
Le 15 septembre 2008, la faillite de la grande banque d'affaires américaine Lehman Brothers provoque une panique sur les marchés financiers. ©AFP - BEN STANSALL
Le 15 septembre 2008, la faillite de la grande banque d'affaires américaine Lehman Brothers provoque une panique sur les marchés financiers. ©AFP - BEN STANSALL
Le 15 septembre 2008, la faillite de la grande banque d'affaires américaine Lehman Brothers provoque une panique sur les marchés financiers. ©AFP - BEN STANSALL
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En 2008, à la London School of Economics, la reine Élisabeth II pose une question restée célèbre aux professeurs à propos de la crise financière : « Why did nobody notice it ? ». Les économistes ont en effet longtemps été accusés de n’avoir pas vu les signes menant à la crise financière de 2008.

Avec
  • Laurent Cordonnier Economiste, professeur à l'université de Lille et chercheur au Centre Lillois d'études et de recherche sociologiques et économiques (Clersé)
  • André Cartapanis Professeur d’économie et de finances internationales à Sciences-Po Aix et membre du Cercle des économistes

La crise de 2007-2009 est une crise systémique, qui présente de multiples facettes : partie d’une crise financière, elle est aussi pour partie liée à de grands déséquilibres macro-économiques globaux. Face à cette grande crise de la finance mondiale, les États et les banques centrales ont d’abord entrepris des opérations à vaste échelle de sauvetage ou de renflouement des banques en difficulté, avant de mener des politiques massives de soutien de la demande globale.

Le logement était apparu comme un nouvel eldorado, y compris pour les hommes politiques, et George Bush ne s'est pas privé d'encourager le mouvement en disant que la nouvelle frontière était de faire en sorte que tous les Américains possèdent leur maison. Cette intention politique a rejoint des banques et des institutions financières qui ont poussé au crime : elles sont allées chercher, de manière très aggressive, de nouveaux ménages pour s'endetter et acheter leur logement. - Laurent Cordonnier

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Depuis la crise de 2008, le débat sur la légitimité des économistes bat son plein, surtout dans le monde anglo-saxon : comment n’ont-ils pas pu prévoir l’explosion de la bulle et se tromper autant ? Bien sûr, il y a toujours une part d’aléas dans la crise et on ne reproche pas aux médecins de n’avoir pas prévu et prévenu la pandémie, ni aux sismologues de ne pas prévoir certains séismes.  Mais les économistes, eux, n'auraient-ils pas pu réaliser l’ampleur des fragilités financières ? 

Pour beaucoup de modèles, notamment ceux utilisés par les banques centrales, la crise ne pouvait pas exister parce qu'on considérait la finance comme étant nécessairement efficiente et basée sur des anticipations rationnelles qui ne perturbaient pas l'économie réelle et qui ne pouvaient créer que du bruit. C'est cela l'erreur fondamentale. - André Cartapanis

Jusqu’en 2007 et jusqu’aux premiers signes de fragilité systémique, une pensée économique dominante s’est maintenue, communément qualifiée de “mainstream”, recouvrant de nombreux postulats, dont l’efficience des marchés financiers, l’autorégulation de la prise de risque parmi les banques et les vertus stabilisantes des dérivés, notamment des dérivés de crédit. Cette légitimation idéologique de la nouvelle architecture financière a largement négligé le risque de crise systémique.

Les économistes auraient-ils pu percevoir des signes de la crise ? Quelles sont les inspirations des politiques économiques menées face à la crise, et dans l’après-crise ? La crise a-t-elle véritablement bouleversé le paradigme ou ne procède-t-on qu’à des amendements marginaux ?  Pour en parler, nous avons fait appel à André Cartapanis, professeur d'économie à Sciences Po Aix et membre du Cercle des économistes et Laurent Cordonnier, économiste, professeur à l'université de Lille et chercheur au Centre Lillois d'études et de recherche sociologiques et économiques.

La Fabrique de l'Histoire
51 min

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