Corriger les inégalités, avec Pierre-André Chiappori : épisode 1/3 du podcast Les chantiers de Joe Biden

Un Américain dort dans les rues de Washington, le jour de l'élection présidentielle.
Un Américain dort dans les rues de Washington, le jour de l'élection présidentielle. ©Getty -  Andrew Lichtenstein
Un Américain dort dans les rues de Washington, le jour de l'élection présidentielle. ©Getty - Andrew Lichtenstein
Un Américain dort dans les rues de Washington, le jour de l'élection présidentielle. ©Getty - Andrew Lichtenstein
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Le Congrès américain s'est enfin mis d'accord sur un deuxième plan de soutien. Pour autant, la crise sociale aggravée par l'épidémie est loin d'être résolue et elle s'annonce comme un des chantiers importants de la présidence de Joe Biden qui commence le 20 janvier prochain.

Avec
  • Pierre-André Chiappori Professeur d’Economie à la Columbia University, titulaire de la chaire E. Rowan and Barbara Steinschneider, membre de l’Académie des sciences morales et politiques.

Malgré son courroux et sa mauvaise foi,  Donald Trump a finalement reconnu la victoire de son adversaire aux dernières élections présidentielles. Joe Biden sera investi le 20 janvier prochain et deviendra le 46e président des États-Unis. Mais le démocrate a du pain sur la planche : c’est une Amérique minée par la crise sanitaire et sociale qu’il devra relever et, même si Biden a promis d’être le président de tous les Américains, la tâche s’avère plutôt ardue. 

La règle générale aux États-Unis, c’est qu’un président sortant est réélu, sauf si la situation économique est extrêmement dégradée. Donald Trump a été achevé par la pandémie. - Pierre-André Chiappori

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Avec un taux de chômage qui reste deux fois supérieur à l’année précédente, une explosion des cas de personnes ayant contracté le coronavirus, et les tensions raciales exacerbées par la mort de Georges Floyd, assassiné par un policier blanc à Minneapolis en mai dernier, le pays des possibles semble avoir profondément changé de visage.

La crise sanitaire a frappé de plein fouet le pays, dont le nombre d'infectés avoisine les 20 millions. Après un premier plan d'aide voté en mars dernier, le Congrès américain a trouvé un deuxième accord pour venir en aide à l’économie américaine. Le plan de relance s’élèvera à près de 900 milliards de dollars, soit environ 735 milliards d’euros. Mais, loin d’assurer le retour de la croissance, il permettra surtout d’éviter un temps le naufrage social, alors que 12 millions de chômeurs s’apprêtent à perdre leurs allocations et leur assurance maladie au lendemain de Noël, que près de 8 millions d’Américains sont tombés sous le seuil officiel de pauvreté depuis juin.

Au niveau économique, les États-Unis connaissent une situation catastrophique. Entre février et juin, le produit national brut a baissé de 10%. C’est une chute qu’on n’avait pas connu depuis la récession des années 1930. - Pierre-André Chiappori

Si le montant de ce deuxième plan d'aide peut sembler faramineux, il ne représente qu'à peine la moitié des fonds consentis lors du premier plan adopté fin mars. Les Américains devront se satisfaire d'un soutien plus modeste qu'au début de l'année. Ils ne recevront pas, comme il y a neuf mois, 1 200 dollars par personne, mais seulement 600 pour chaque adulte et enfant d’un foyer, en un versement unique. Si l'allocation chômage était de 600 dollars hebdomadaires au printemps, les démocrates n'ont cette fois-ci pu sécuriser qu'un montant de 300 dollars. Ce plan comprend également 25 milliards d’aide au logement pour éviter les expulsions, ainsi que près de 100 milliards pour aider établissements scolaires et crèches à rouvrir, ont détaillé la responsable démocrate à la Chambre, Nancy Pelosi, et le chef de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer. 

Dans une Amérique en pleine crise sociale et ravagée par les inégalités, l’american dream n’est-il plus qu’un mirage ? Comment Biden va-t-il pouvoir répondre aux besoins de ses concitoyens les plus précaires ? Pour en parler, nous avons fait appel à Pierre-André Chiappori, professeur d’économie à la Columbia University à New York, titulaire de la chaire E. Rowan and Barbara Steinschneider et membre de l’Académie des sciences morales et politiques.