Décarboner l’économie : cop ou pas cop ?

La question environnementale semble etre au coeur de l'engagement politique d'une grande partie de la jeunesse mondiale, symbolisée par Greta Thunberg.
La question environnementale semble etre au coeur de l'engagement politique d'une grande partie de la jeunesse mondiale, symbolisée par Greta Thunberg. ©AFP - Milan, octobre 2021, MIGUEL MEDINA
La question environnementale semble etre au coeur de l'engagement politique d'une grande partie de la jeunesse mondiale, symbolisée par Greta Thunberg. ©AFP - Milan, octobre 2021, MIGUEL MEDINA
La question environnementale semble etre au coeur de l'engagement politique d'une grande partie de la jeunesse mondiale, symbolisée par Greta Thunberg. ©AFP - Milan, octobre 2021, MIGUEL MEDINA
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Alors que l'objectif de limiter la hausse des températures mondiales à 1,5°C est peu à peu remis en question, le secteur privé semble, à son tour, entamer une réflexion autour des "investissements verts", dans un contexte où l'économie mondiale est de plus en plus tenue à la neutralité carbone.

Ce lundi 1er novembre doit s'ouvrir, à Glasgow, la 26e conférence sur les changements climatiques, dit COP26, dans un contexte où les dernières projections scientifiques prévoient une hausse de plus de 2,7°C des températures mondiales à la fin du siècle.   

Au cours de cette conférence internationale majeure, les gouvernements participants devraient réitérer leurs objectifs d’émissions nationales et se mettre d’accord sur le fonctionnement technique du marché international du carbone et des mécanisme de mesure du carbone émis.

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Bien que les puissances publiques étatiques soient au cœur des enjeux visant à lutter contre le réchauffement climatique, les entreprises privées sont de plus en plus sollicitées et concernées dans la réflexion autour de l'émergence de conditions économiques, productives ou financières favorables au développement d'une économie "plus verte" et décarbonée. Des initiatives comme "Race to net zero" mobilisent directement des entreprises pour trouver des accords sur la manière de mesurer les émissions de CO2 et fixer des objectifs de réduction.   

La question sous-jacente, soulevée par cette implication de plus en plus importante du secteur privé, s'établit principalement autour de la nature des investissements à mettre en œuvre en vue de décarboner l'économie. Cependant, l'impératif climatique se construit au sein de dynamiques économiques globales qui restent ancrées, centrées sur des logiques de concurrence forte entre les différents acteurs présents sur le marché. Alors que  l'Agence internationale de l'énergie (AIE) estime à 4 000 milliards de dollars par an, jusqu’en 2030, les financements nécessaires pour décarboner l'ensemble de la production d’énergie, cette évolution, qui mobilise des sommes colossales, semble donc se heurter à l'ambition des entreprises de rester compétitives et rentables.   

Décarboner l'économie semble donc devoir passer par la mobilisation des États afin d'encourager le secteur privé à procéder à des "investissements verts" nécessaires. La mise en place de normes contraignantes, d'une fiscalité incitative, d'un marché du carbone ou d'aides directes constituent autant d'instruments publics pouvant jouer un rôle dans l'évolution des comportements des entreprises vis-à-vis de l'enjeu climatique. Les derniers plans d’investissement publics comme France Relance et France 2030 semblent ainsi suivre l’objectif de créer un effet d'entraînement, visant à inciter les entreprises à investir dans les technologies vertes. 

À l'heure actuelle, l’outil le plus efficace semble être la mise en place d'un prix du carbone suffisamment haut pour rendre les produits faiblement carbonés compétitifs par rapport aux industries polluantes. L'usage d'hydrogène pour produire de l'acier fait, par exemple, partie de ces innovations qui susciteraient un véritable intérêt suite à l'introduction d'une telle logique productive au sein du marché.  

Les ménages, et par extension les consommateurs, sont aussi au cœur de ces nouveaux enjeux productifs, étant donné que la hausse de la fiscalité ou des prix des produits impliquant une industrie polluante, vont nécessairement les impacter à terme. Les ménages sont-ils véritablement prêts à payer plus cher leur énergie et leurs produits au prétexte qu’ils sont plus vertueux pour le climat ? La récente sortie du chèque énergie et du chèque carburant montre que le gouvernement n’est pas prêt à faire peser la transition sur les ménages, surtout ceux issus des classes moyennes et populaires. Dans tous les cas, la question du changement climatique impliquera nécessairement des changements de comportements de consommation pour l'ensemble de la société. 

Afin de mieux comprendre les enjeux autour de la décarbonation de l'économie, nous avons le plaisir de recevoir Caroline Mini , cheffe de projet senior et économiste à La Fabrique de l’Industrie, en charge des projets sur la transition écologique et la compétitivité des entreprises, Claire Tutenuit, déléguée générale de l’Association française des Entreprises pour l’Environnement et Claire Waysand, Directrice générale adjointe et secrétaire générale du groupe Engie.

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