Elites : la reproduction perpétuelle : épisode 3/3 du podcast Une promesse d’ascension sociale

Dans les 10 % d’écoles les plus sélectives de France, dont Polytechnique fait partie, les enfants de catégories socioprofessionnelles supérieures représentent 80% des promotions.
Dans les 10 % d’écoles les plus sélectives de France, dont Polytechnique fait partie, les enfants de catégories socioprofessionnelles supérieures représentent 80% des promotions. ©Getty - Antoine Antoniol
Dans les 10 % d’écoles les plus sélectives de France, dont Polytechnique fait partie, les enfants de catégories socioprofessionnelles supérieures représentent 80% des promotions. ©Getty - Antoine Antoniol
Dans les 10 % d’écoles les plus sélectives de France, dont Polytechnique fait partie, les enfants de catégories socioprofessionnelles supérieures représentent 80% des promotions. ©Getty - Antoine Antoniol
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Si la crise a globalement appauvri la société française, certains perdent beaucoup plus que d’autres. La méritocratie républicaine est aujourd’hui en panne, et les élites et leur entre-soi sont accusées d’être d’être déconnectées de leur base sociale.

Avec
  • Elsa Favier Sociologue, chercheuse associée au Centre Maurice Halbwachs et post-doctorante à l’Université Paris Nanterre
  • Nicolas Frémeaux Economiste et maître de conférences en économie à l’Université Paris II

En janvier 2019, les gilets jaunes manifestaient devant l’ENA pour demander sa suppression. La méfiance à l'égard des élites n'est pas nouvelle : l’assimilation du profil social des élites et de leurs intérêts économiques est régulièrement dénoncée, entre autres par les gilets jaunes dans le cas français. Nombreux sont ceux qui considèrent que l’administration n’est plus le reflet du peuple et de ses valeurs et qu’il faut réformer la démocratie.

Dans le cas de l'accès aux grandes écoles, trois types d'inégalités se combinent : inégalités de classe, géographiques et de genre. - Elsa Favier

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En politique, l’élection de « populistes » entend rompre avec la tradition d’élites politiques traditionnelles. En Bolivie, par exemple, Evo Morales a été élu en 2006 en promettant de débarrasser le pays de ses élites qui combinent pouvoir politique et économique, et qui mettent en place des programmes de privatisation pour entretenir ces avantages.

Aux États-Unis, en rupture avec les héritiers politiques traditionnels, une autre forme de démocratie s’est mise en place avec l’élection d’un millionnaire à la tête du pays. En France, l’Assemblée Nationale était historiquement remplie de professions intellectuelles ; récemment, elle a accueilli les entrepreneurs. Ces nouvelles élites irriguent les grands corps et les grandes entreprises françaises.

On a une sorte de schizophrénie en ce qui concerne les inégalités en France : la demande de redistribution est très importante pour réduire les inégalités, pour que le mérite paie, et en même temps politiquement, derrière, il n'y a pas de solution qui vise vraiment à augmenter le rôle du mérite. Il y a une demande de la société qui est parfois contradictoire : pour les questions d'héritage, par exemple, il y a un rejet total de l'impôt sur les successions qui viserait à rétablir un peu d'égalité des chances d'un point de vue patrimonial. - Nicolas Frémeaux

Que nous dit cette rotation des élites politiques de la mobilité sociale et des possibilités d’accès au pouvoir en France ? Que nous dit-elle du lien entre capitaux économiques, humains, et culturels ? Pour en parler, nous avons fait appel à Elsa Favier, sociologue, chercheuse associée au Centre Maurice Halbwachs et post-doctorante à l’Université Paris Nanterre et à Nicolas Frémeaux, économiste et maître de conférences en économie à l’Université Paris II. 

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