L'Union européenne a choisi de financer au moins 30% de son plan de relance par des obligations vertes. Un volontarisme écologique qui laisse espérer un changement durable des outils financiers.
- Régis Marodon Conseiller senior sur la finance durable à l’Agence Française de Développement (AFD).
- Anne-Catherine Husson-Traoré Directrice générale de Novethic, centre de recherche de référence sur la finance verte.
La relance sera verte ou elle ne sera pas. Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a choisi de financer les 750 milliards d'euros du plan de relance européen par au moins 30% d’obligations vertes en précisant : « Nous sommes les leaders mondiaux de la finance verte et le plus grand émetteur d’obligations vertes dans le monde. Nous faisons œuvre de pionniers en élaborant une norme de l’UE solide ».
Selon un rapport de l’ONU publié début décembre 2020, une relance « verte » pourrait réduire de 25 % les émissions anticipées d'ici 2030. Si les politiques mises en place avant le début de l'épidémie laissaient prévoir l'émission de 59 gigatonnes de dioxyde de carbone, les estimations ont été réduites à 44 gigatonnes. Une telle reprise écologique placerait les émissions dans une fourchette aboutissant à 66 % de chances de maintenir les températures en dessous de 2 °C, même si elle serait encore insuffisante pour atteindre l'objectif de 1,5 °C.
Pourtant, le projet ne semble pas avoir jusqu’ici soulevé l'enthousiasme budgétaire : le 14 octobre, lors d'une réunion de l'initiative financière de l'ONU pour l'environnement, la présidente de la BCE Christine Lagarde a critiqué le manque de financements dédiés à des projets environnementaux. Les investissements de cette nature n'ont représenté que "100 milliards d'euros l'an dernier", alors que 290 milliards d'euros seraient nécessaires chaque année, rien qu'en Europe, "pour concrétiser l'Accord de Paris et même faire mieux si nous le pouvons. Il nous manque donc deux tiers de ce qui est absolument nécessaire", a-t-elle martelé.
La finance durable cherche à résoudre une équation : comment peut-on financer des projets utiles pour les êtres humains tout en prenant en compte le long terme ? - Régis Marodon
La finance durable permet d’intégrer des paramètres environnementaux, sociaux ou de gouvernance, dans l’analyse financière. - Anne-Catherine Husson-Traore
Avec les centaines de milliards d'euros issus du plan de relance, il n’y a jamais eu autant d’argent disponible pour entreprendre et investir. Parallèlement, la crise économique liée à la crise sanitaire est présentée par de nombreuses voix comme une crise écologique. La crise du Covid sera-t-elle l’occasion de normaliser l'utilisation des outils de la finance verte ? Pour en parler, nous recevons deux spécialistes des questions de finance éthique : Régis Marodon, conseiller senior sur la finance durable à l’Agence Française de Développement (AFD) et Anne-Catherine Husson-Traore, directrice générale de Novethic.
Références sonores
- Ursula van der Leyen (CNBC, 16 septembre 2020)
- Bruno Le Maire (La Croix, septembre 2020)
- Extrait du discours de Mark Carney en 2015 (extrait de YouTube)
- Extrait du reportage de Caroline Pomes (France Inter, 21 septembre 2019)
- Alexandre Poidatz (RFI, octobre 2019)
- Pascal Canfin (France Inter, 10 mars 2018)
- Lecture d'un extrait de “Walden ou la vie dans les bois” de Henry David Thoreau (1854)
Références musicales
- Clara Luciani - "Les fleurs"
- Peng Black Girls - "Enny"
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